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son de Hohenzollern, s’oppose aux efforts de la propagande russe. D’ailleurs les conseils de la prudence l’ont emporté à Pétersbourg. Le chef du parti d’action, le général Ignatief, n’a point supplanté le prince Gortchakof ; on assure même qu’il ne retournera point à Constantinople, qui ne peut lui servir en ce moment de champ de lutte et de victoire. Il faut espérer que les troubles qui paraissent menacer la Turquie seront détournés par la prévoyance des grandes puissances.

Le parlement britannique a repris hier ses travaux. On croit que lord Derby, retenu par la goutte, ne pourra point assister aux débuts de cette session. La grosse affaire du parlement sera cette année l’état de l’Irlande. Il ne paraît pas possible que des mesures ne soient étudiées pour apporter quelque amélioration à la situation de ce malheureux pays. M. Bright, il y a quelques jours, a prononcé un discours sur la question irlandaise devant un meeting à Birmingham. Les conclusions de l’orateur radical ont été d’une fermeté toute britannique. Il s’est déclaré contre le rappel de l’union, qui est resté depuis O’Connell le cri de guerre usé des agitations irlandaises. M. Bright « ne consentira point au rappel, ce sont ses expressions, tant qu’on n’aura point prouvé que l’art de gouverner (statemanship) est absolument mort en Angleterre, et tant qu’on n’aura point prouvé que le sentiment du droit et de la justice a cessé d’agir en Irlande sur la nature humaine. » On annonçait que la question irlandaise serait abordée par l’opposition et que M. Gladstone présenterait une déclaration de principe au vote de laquelle serait attachée l’existence ou la chute du ministère tory. Ce bruit n’est guère croyable. L’état de l’Irlande n’est point un terrain convenable pour la lutte des portefeuilles ; il est aussi embarrassant pour l’opposition que pour le cabinet. e. forcade.



THÉÂTRES.

GYMNASE : Le Comte Jacques, comédie en trois actes, en vers, par M. Edmond Gondinet.

L’innocente idylle dont M. E. Gondinet a fait une comédie aurait pu tout aussi bien devenir un drame, pour peu que l’auteur eût voulu en développer les données, prêter à ses héros un autre langage et modifier la clé de leurs sentimens. Rien n’y manque de ce qui entre d’ordinaire dans les pièces les plus sinistres du boulevard, naissances mystérieuses,