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compliqués ; grâce à une disposition particulière des affûts les servans se trouvent à l’abri du feu de l’ennemi, les chefs de pièce seuls sont exposés ; les accidens qui peuvent survenir à l’une des tourelles pendant un combat ne sauraient paralyser en rien l’artillerie des trois autres, puisqu’elles sont toutes indépendantes ; ces tourelles font légèrement saillie sur les flancs du navire, en sorte que les feux de leurs pièces peuvent converger à une distance peu considérable sur l’avant et sur l’arrière du bâtiment, et sont beaucoup moins contrariées par la présence de la mâture ; enfin l’artillerie, de ces tourelles, étant élevée, pourrait probablement être disposée de manière à fournir un tir plongeant à une très petite distance par le travers : il suffirait pour cette direction des pièces que la muraille des tours offrît une solution de continuité qui permettrait un pointage négatif considérable, Une semblable disposition serait très utile. Lorsque dans le cours du combat un bâtiment ennemi viendrait à passer à contre bord, le chef de pièce pourrait quelquefois profiter d’un mouvement de roulis de l’adversaire pour frapper ses murailles cuirassées ou ses œuvres vives à revers, et faire pénétrer des éclats de toute sorte dans les organes de sa machine. Pareil coup serait presque toujours mortel.


III

En résumé, les nouveaux engins apportent et vont apporter encore bien des changemens dans nos constructions maritimes. En coordonnant les opinions diverses qui ont cours parmi les officiers de marine, on arrive à conclure, que nos futurs navires de guerre auront des dimensions moindres que nos cuirassés actuels, et seront mis en mouvement par deux hélices indépendantes ; leur masse sera suffisante pour assurer leur rôle de béliers, la vitesse et les qualités giratoires, ; constitueront leur principal élément de force. Le nombre de leurs canons en batterie couverte sera très restreint, et quelques autres pièces seront placées dans des tours fixes ou tournantes, disposées de manière à pouvoir couvrir tout l’horizon de leurs feux et à se concilier le mieux possible avec les exigences de la mâture. Leur flottaison, leurs machines et leurs soutes à poudre seront défendues par des plaques de blindage qui devront en outre assurer aux bouches à feu une protection efficace. À bord de ces bâtimens, les poids absorbés par l’artillerie et par la cuirasse devront être moins considérables qu’aujourd’hui, pour qu’il soit possible de réduire les dimensions ; l’artillerie d’ailleurs ne sera plus désormais l’élément principal des combats, et, une