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des universités ; récemment il s’est transformé en passion fébrile et en besoin de réforme immédiate, quand l’insécurité des relations extérieures et la guerre éclatant de divers côtés, tantôt à l’ouest, tantôt au sud, tantôt au nord, ont fait craindre aux Allemands que leur patrie, morcelée entre trente dynasties ayant chacune ses intérêts, ses vues et ses entraînemens particuliers, ne trouvât point dans son organisation politique et militaire la garantie de son indépendance et de son intégrité territoriale. Ce mouvement a eu l’an dernier cette bonne fortune d’être appuyé par l’Italie sur les champs de bataille, favorisé par la France dans le mystère des combinaisons diplomatiques, toléré par la Russie, enfin chaudement acclamé par l’Angleterre après son éclatant succès. C’est ainsi qu’il a abouti à l’établissement de la confédération du nord, dont il nous reste à examiner la constitution et les chances d’avenir.


III

La confédération de l’Allemagne du nord s’est fondée l’an dernier en vertu du traité de Prague. C’est la réalisation de l’idée que Frédéric-Guillaume avait ébauchée à Erfurt en 1850. Au mois de février de cette année, une assemblée nommée par le suffrage universel direct s’est réunie à Berlin, et de ses délibérations est sortie une constitution dont il importe de connaître les dispositions. Elle a été bâclée assez lestement, parce que M. de Bismarck avait dit en son style imagé qu’il fallait que l’Allemagne fût « mise en selle avant le 18 août. » Elle l’était bien longtemps avant cette date fatidique, car dès le mois d’avril tous les articles étaient votés.

Les états allemands au nord du Mein forment maintenant une fédération dont le lien est presque aussi étroit que celui qui réunit les cantons de la Suisse ou les états de l’Union américaine. Comme dans ces républiques fédératives, chaque pays conserve et modifie à son gré ses lois politiques et civiles. Il n’est soumis à l’autorité centrale qu’en ce qui concerne les objets d’intérêt commun, pour lesquels la sécurité et la prospérité nationales réclament une direction unique. Ces objets sont l’armée, les douanes elles impôts indirects, les monnaies, les banques, les poids et mesures, les brevets et la propriété intellectuelle, le commerce, la marine, les postes, les chemins de fer et les télégraphes, le droit pénal et commercial, les mesures sanitaires. Tout citoyen de la confédération jouit dans chaque état où il se transporte de tous les droits de l’indigénat. Comme aux États-Unis, le pouvoir législatif est exercé par deux chambres, l’une le conseil fédéral (Bundesrath), représentant les