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été trouvées. Les dépôts de sables aurifères d’une richesse considérable sont rares et occupent une très petite étendue ; on n’évalue pas à une superficie de plus de deux hectares la partie vraiment riche du Cariboo. Il semble que tôt ou tard toutes les colonies aurifères doivent arriver, quant à la richesse métallique, à une situation à peu près semblable. Ce sera donc en définitive le haut prix ou le bas prix de la main-d’œuvre qui décidera de la prospérité de ces colonies. Or le Cariboo est le lieu du monde où la main-d’œuvre est le plus chère, parce qu’il est celui où le prix des subsistances est le plus élevé. Jusqu’à présent, toutes les tentatives de colonisation agricole ont échoué dans la Colombie anglaise ; la population n’est composée que de mineurs et de marchands. Il faut cinq mois pour venir d’Europe en doublant le cap Horn ; il faut dépenser 2,500 fr. par tête, si l’on prend la voie de Panama. Une si longue traversée, une dépense si considérable, éloignent le colon agricole. Si on ne lui ouvre point un chemin, si la Colombie anglaise continue à tirer ses vivres de l’Oregon et de la Californie, si le prix des subsistances reste le même au Cariboo, tandis que la valeur des sables aurifères ira en diminuant, on verra une colonie pleine d’avenir s’affaisser tout d’un coup, comme elle s’est élevée. Comment, ajoutent les colons de la Colombie, le gouvernement anglais laisse-t-il prendre partout l’avance aux États-Unis ? Les États-Unis ont déjà créé trois routes de terre qui relient la Californie au Mississipi. Chacune de ces routes est parcourue par des voitures publiques entretenues aux frais du gouvernement central. Pour que le voyageur ne soit pas exploité, le congrès a fixé lui-même le prix des places et le prix des repas ; pour ménager sa fatigue, le congrès lui a donné le droit de s’arrêter quand il lui plairait et de reprendre sa place dans la diligence suivante. Des relais de chevaux sont préparés pour les voitures publiques. Des dépôts d’eau et de fourrage ont été placés dans les parties sablonneuses de la route pour les colons qui vont à pied ou à cheval avec leurs familles et leurs bestiaux. Une communication spéciale unit également aux états de l’est les deux territoires du Washington et de l’Oregon. Une route s’étend du point où le Missouri cesse d’être navigable au point où commence la navigation de la Columbia. Un chemin de fer conduit directement de Saint-Joseph, sur le Missouri, à New-York. Un chemin de fer de Saint-Louis à San-Francisco est en cours d’exécution ; le congrès a accordé pour ce grand travail une subvention en argent de 88,000 fr. par mille et une subvention en terres par lots alternatifs sur toute la distance parcourue. Si l’on additionne tout ce que coûte au gouvernement américain le service postal de la Californie, qui se fait à la fois par les trois routes de terre, par l’isthme de Panama, par l’isthme de Tehuantepec et par les paquebots subventionnés du