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concessionnaires. Il existe cependant encore quelques ponts (le pont des Arts, la passerelle de Constantine) qui sont exclusivement réservés aux piétons ; il faut le dire franchement, à une époque comme la nôtre, où nos rues sont à toute heure encombrées par une quantité extraordinaire de voitures, où, malgré de considérables travaux rapidement accomplis, les débouchés sont encore insuffisans, une pareille anomalie, un tel contre-sens est absurde et devrait disparaître sans délai ; autant il était vexatoire d’avoir à payer jadis sur les ponts d’Austerlitz, d’Arcole, des Saints-Pères, des Invalides, autant il est difficile à comprendre qu’on force les voitures à des détours inutiles et préjudiciables, tandis qu’il serait si facile de reconstruire les ponts insuffisants qui leur refusent le passage aujourd’hui.

Depuis le 2 décembre, on a beaucoup fait pour les ponts de Paris ; le second empire en a construit ou reconstruit quinze ; les deux plus importans sont le pont Napoléon, au-dessus de Bercy, et le pont monumental du Point-du-Jour, au-dessous d’Auteuil. Tous deux servent de viaduc au chemin de fer de ceinture, mais ils sont ouverts aussi aux voitures et aux piétons[1]. Certes Paris a un système de ponts qui est sans pareil au monde, et je ne sais nulle capitale qui sous ce rapport puisse lui être comparée ; cependant il entre dans les projets de l’autorité municipale de rendre ce système plus complet encore, et d’ouvrir entre les deux rives de la Seine des communications plus faciles et plus larges. — Le terre-plein qui porte la statue de Henri IV sur le Pont-Neuf, conduit en forme de jetée jusqu’à l’extrémité aval de l’écluse, rejoindrait un pont qu’on doit construire entre le quai Conti et le point d’intersection des quais du Louvre et de l’École, de façon à établir un va-et-vient reliant la rue du Louvre et le futur prolongement de la rue de Rennes, qui, partant de la gare Montparnasse, aboutirait presque en ligne droite au boulevard Poissonnière, si la rue du Louvre est, comme on le dit, poussée jusque-là. Ce n’est pas assez, et une entreprise plus grandiose encore sera mise à exécution lorsque les nouvelles constructions du Louvre seront terminées : un pont de 45 mètres de large, ayant ses trottoirs dans l’axe du pavillon

  1. Il peut être curieux de savoir à combien reviennent les travaux entrepris depuis quinze ans pour bâtir ou rebâtir les différens ponts de Paris. Voici les chiffres : pont Napoléon, 2,236,905 fr. ; — pont de Bercy, 1,334,877 fr. 85 c. ; — pont d’Austerlitz, 951,204 fr. 08 c. ; — pont Louis-Philippe, 785,065 fr. 39 c. ; — pont Saint-Louis, 655,669 franc 75 c. ; — pont d’Arcole, 1,143,000 fr. ; — Petit-Pont, 385,509 francs 42 c. ; — pont Notre-Dame, 713,356 fr. 37 c. ; — pont Saint-Michel, 743,253 fr. 09 c. ; — Pont-au-Change, 1,272,231 fr. 38 c. ; — Pont-Neuf, 1,687,779 fr. 03 c. ; — pont Solferino, 1,089,942 fr. 35 c. ; — pont des Invalides, 1,053,389 fr. 53 c. ; — pont de l’Alma, 2,075,759 fr. 98 c. ; — pont-viaduc d’Auteuil, 3,463,774 fr. 35 c. ; — total : 19,590,816 fr. 60 centimes.