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avec une loyale droiture. Les lois sur le droit de réunion et sur la presse seront une épreuve où le gouvernement et la majorité parlementaire se feront juger par l’opinion publique. Les projets présentés par le gouvernement sur ces deux agens de la vie politique, les réunions des citoyens et la propagande des idées par la presse, ne donnent que de bien maigres espérances. Il ne saurait y avoir de garanties pour la presse, si elle reste, soumise à des définitions vagues et exceptionnelles de délits, si elle est soustraite au jury, si elle est entravée par d’avares et mesquines exigences fiscales. La liberté des réunions serait flétrie, s’il dépendait d’un ; commissaire de police de dissoudre une assemblée de citoyens. Nous voudrions que l’illustre apologiste des libertés nécessaires, M. Thiers, prît a cœur ces lois dites libérales, et usât du crédit qu’il vient d’acquérir sur la majorité pour rendre ces lois dignes de la dénomination que dans leur forme présente on leur applique fort improprement.

Les réclamations que nous avions fait entendre depuis longtemps sur la situation financière de la ville de Paris viennent enfin d’être prises en considération. Le dernier rapport adressé par M. le préfet de la Seine à la commission municipale annonce la conclusion d’un traité entre la ville et le Crédit foncier pour la consolidation de cette partie de la dette flottante de la ville qui était-formée des délégations à termes prochains sur les excédans probables des revenus annuels de Paris. Tant que ce travail de l’escompte des délégations se faisait mystérieusement par l’émission des obligations communales du Crédit foncier, on ne pouvait connaître toute l’étendue de la dette ainsi contractée pour l’exécution des opérations de grande voirie ; ces opérations, comme les charges financières, échappaient, malgré l’esprit et la lettre des lois positives, à tout contrôle des représentans véritables des contribuables et du pouvoir législatif. La nécessité de mettre fin à un état de choses très irrégulier et fort compromettant a déterminé l’administration municipale à faire sa confession publique. Les travaux de grande voirie, les voies magistrale, ainsi que s’exprime M. Haussmann, récemment établies, ont coûte à la ville des sommes énormes, et les dépenses ont dépassé prodigieusement les prévisions avec lesquelles on s’est embarqué dans les trois campagnes entre lesquelles le préfet de la Seine partage la série de ses travaux. La seconde campagne, décidée en 1858, ne devait coûter à la ville que 130 millions et à l’état 50 millions ; elle a coûté en réalité 410 millions en mettant à la charge de la ville un excédant de dépenses de 230 millions. M. Haussmann attribue ce mécompte considérable à des causes secondaires et indirectes. La cause dominante, dont il ne parle point, est le renchérissement perturbateur qu’il a produit lui-même dans les prix des propriétés immobilières de Paris par l’ampleur et la simultanéité de ses demandes sur le marché des propriétés foncières. En dernier résultat, M. Haussmann porte à 900 millions le prix de revient des