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Années Chevaux[1] Bêtes à cornes[2] Moutons Porcs Chèvres Total[3]
1816 1,243,261 4,013,912 8,260,396 1,494,369 143,433 7,090,387
1864 1,856,623 5,793,905 19,314,667 3,242,059 869,351 11,399,369
Augmentation 613,362 1,779,993 11,054,271 1,747,690 725,918 4,308,982

L’augmentation totale est donc de 61 p. 100 environ en cinquante ans. Elle avait été très rapide de 1830 à 1840, 16,45 pour 100, ensuite presque insignifiante de 1849 à 1858, de 1,19 pour 100 seulement ; pendant les sept années écoulées entre 1858 et 1864, elle avait été de nouveau très considérable, puisqu’elle s’était élevée à 12,26 pour 100. Ces chiffres, tout satisfaisans qu’ils paraissent, ne suffisent pas à donner une idée du progrès accompli, parce qu’ils n’expriment pas l’amélioration des différentes races, qui a été aussi très remarquable. On estime que le produit moyen de chaque animal a augmenté d’un tiers en viande, beurre et laine, de façon que la valeur du produit total aurait en réalité doublé, et que l’augmentation aurait marché aussi vite que celle de la population.

Le cheval de Prusse, même celui qu’on emploie au labour, est léger ; on lui fait tirer non une charrette, mais un chariot à quatre roues, et dans l’ouest on attelle généralement quatre chevaux. L’Allemagne manque de ces fortes races de gros trait qu’on trouve en Flandre, dans le Boulonnais et en Angleterre. Pour le travail, c’est un désavantage de ne pas avoir cette puissante espèce ; mais le service de l’armée s’en trouve bien, la plupart des chevaux prussiens étant bons pour la remonte : aussi l’Allemagne du nord suffit-elle largement à ses besoins. Le gouvernement et les particuliers ont rivalisé d’efforts pour améliorer la race chevaline. L’état possède trois grands haras, ceux de Neustadt, de Graditz et de Trackenen. Ce dernier est le plus considérable et le plus renommé : situé dans la Prusse orientale, il comprend douze exploitations et environ 4,000 hectares. Plus de 1,300 chevaux y sont entretenus ; on y produit des chevaux de selle, mais surtout, des carrossiers forts et élégans qui sont très renommés en Prusse. Les attelages de la cour appartiennent à la race trackène. Outre les haras, le gouvernement a établi huit stations d’étalons dans les différentes provinces ; il possède en tout 1,100 étalons, qui, en 1865, ont produit 35,000 poulains. C’est un résultat énorme, car il équivaut au cinquième des naissances annuelles dans la race chevaline ; il faut

  1. Non compris les chevaux de l’armée, qui étaient au nombre de 41,750.
  2. Non compris les veaux au-dessous de six mois.
  3. Pour établir ce total, on prend comme équivalent d’une bête à cornes deux tiers d’un cheval, 10 moutons, 4 porcs, 12 chèvres.