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délibéraient sur les moyens de l’arrêter. Cette préoccupation inspira aux représentans de la France, le comte de Lallemand et le docteur Fauvel, une proposition qui fut adoptée par 17 voix seulement sur 26 votans. Les délégués anglais, s’étant prononcés contre le principe même, avaient évité de prendre part à la discussion. La conférence était d’avis, en cas de choléra parmi les pèlerins, d’interrompre momentanément toute communication maritime entre les ports arabiques et le littoral égyptien, en laissant ouverte aux hadji, pour leur retour en Égypte, la route de terre suivie par la caravane du Caire. La mise à exécution de cette mesure aurait nécessité le concours de quelques navires de guerre (turcs ou étrangers) pour interrompre les communications maritimes, et une surveillance organisée sur le littoral égyptien pour s’opposer au débarquement en cas d’infraction.

Il n’a pas été nécessaire d’appliquer ces mesures. La mortalité a été très faible pendant le pèlerinage de 1866. Ce n’a été que trois semaines après les cérémonies et après le départ du gros des pèlerins que le choléra s’est montré parmi les retardataires et dans la caravane de Médine. Quelques cas ont été aussi constatés à Djeddah et en Égypte, mais à l’état sporadique. Le pèlerinage musulman paraît avoir été étranger à l’épidémie qui a sévi dans les principautés danubiennes, en Russie et dans une partie de l’Europe centrale.

Les travaux de la commission ont été consignés dans une série de rapports rendus publics. Nous ne nous arrêterons pas sur ceux de ces rapports qui ont un caractère purement technique ou temporaire ; mais il en est un qui présente un intérêt général et permanent : c’est celui qui est relatif aux mesures à prendre en Orient pour prévenir de nouvelles invasions du choléra en Europe. Ce remarquable travail est l’œuvre de M. le docteur Fauvel, c’est-à-dire de l’homme le plus expérimenté et le plus compétent en pareille matière. Nous allons, en y joignant nos appréciations, indiquer la marche et les conclusions de ce rapport qui est le résultat capital de la conférence, puisqu’il contient l’étude du plus important des problèmes soumis aux plénipotentiaires.

La conférence est partie de ce fait, que les voyageurs et les marchandises sont les plus dangereux, sinon les seuls véhicules du principe morbide ; par conséquent l’isolement d’un point indemne à l’égard des points infectés ou simplement compromis est un préservatif contre l’invasion du fléau. La question n’est pas de savoir si l’on peut obtenir partout cet isolement d’une manière absolue, et si l’épidémie ne peut pas se propager par quelque autre moyen que le voisinage d’une personne ou d’une chose venant d’un lieu