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et plusieurs descendirent, la montagne avant que le prédicateur eût fini. La foule assemblée sur la montagne appartenait presque toute à la classe inférieure ; les pèlerins de condition étaient restés dans la plaine montés sur leurs chameaux. »

Au retour, les pèlerins se dirigent vers Muna, où, suivant la tradition, le diable apparut à Adam, qui lui jeta des pierres. Tous les pèlerins font de même, suivant un usage déjà pratiqué par les Arabes avant l’islamisme. Ils se servent pour cette lapidation de petits cailloux de la grosseur d’une fève, qui doivent avoir été ramassés dans la vallée de Muna, C’est là qu’a lieu aussi l’égorgement des victimes. Ce rite est destiné à rappeler le sacrifice d’Abraham, dont cette vallée fut, dit-on, le théâtre. La tête de l’animal doit être tournée du côté de la Kaaba, et le sacrificateur dit, en, lui coupant la gorge : « Au nom de Dieu très miséricordieux, ô Dieu suprême ! » Les animaux sacrifiés sont des brebis, des vaches ou des chameaux, dont le nombre varie suivant la fortune ou la dévotion des pèlerins. Ceux-ci restent encore deux jours à Muna, où, avant de partir, ils répètent la cérémonie de jeter des pierres à l’endroit où le diable apparut à notre premier père. Ils retournent ensuite à La Mecque pour y faire la visite solennelle à la Kaaba.

La maison sainte est un petit édifice quadrangulaire de 18 pieds de long sur 14 de large avec une hauteur d’environ 40 pieds ; elle est couverte d’une étoffe noire qui se renouvelle tous les ans au moment du pèlerinage, suivant un usage antérieur à l’islamisme. La Kaaba se trouve au milieu d’une vaste cour de même forme de 250 pas de long sur 200 de large, close de murs et garnie à l’intérieur de cloîtres à plusieurs rangs de colonnes. En entrant sous la galerie, et dès qu’on peut apercevoir la Kaaba, on s’avance ensuite vers la Kaaba, en passant sous la porte du salut et en se dirigeant vers la pierre noire, qui est placée à l’un des angles et à l’extérieur. Après quatre prosternations, on baise la pierre, et s’il y a foule, on se contente de la toucher de la main droite ; alors commence la cérémonie appelée touaf, déjà pratiquée par les Arabes avant l’islamisme ; elle consiste à faire sept fois le tour de la Kaaba, le côté gauche du corps tourné vers l’édifice ; à chaque tour, on baise la pierre ou on la touche. Le pèlerin s’approche ensuite du mur même de la Kaaba, entre la pierre noire et la porte ; il étend les bras, appuie sa poitrine contre l’enceinte sacrée, et, dans cette posture, debout, il demande pardon à Dieu de ses péchés. La Kaaba même s’ouvre trois fois par an une heure après le lever du soleil : on y pénètre par un escalier mobile, car la pote est au-dessus du sol. Dans l’intérieur, le pèlerin se prosterne quatre fois à chacun