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notre empereur est donc honorer et servir Dieu lui-même. Secondement, parce que notre seigneur Jésus-Christ, tant par sa doctrine que par ses exemples, nous a enseigné lui-même ce que nous devons à notre souverain ; il est né en obéissant à l’édit de César-Auguste ; il a payé l’impôt prescrit, et de même qu’il a ordonné de rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu, il a aussi ordonné de rendre à César ce qui appartient à César.

« D. N’y a-t-il pas des motifs particuliers qui doivent plus fortement nous attacher à Napoléon Ier, notre empereur ?

« R. Oui, car il est celui que Dieu a suscité, dans les circonstances difficiles, pour rétablir le culte public et la religion sainte de nos pères, et pour en être le protecteur. Il a ramené et conservé l’ordre public par sa sagesse profonde et active ; il défend l’état par son bras puissant ; il est devenu l’oint du Seigneur par la consécration qu’il a reçue du souverain pontife, chef de l’église universelle.

« D. Que doit-on penser de ceux qui manqueraient à leur devoir envers notre empereur ?

« R. Selon l’apôtre saint Paul, ils résisteraient à l’ordre établi de Dieu même, et se rendraient dignes de la damnation éternelle.

« D. Les devoirs dont nous sommes tenus envers notre empereur nous lieront-ils également envers ses successeurs légitimes dans l’ordre établi par les constitutions de l’empire ?

« R. Oui sans doute, car nous lisons dans la sainte Écriture que Dieu, seigneur du ciel et de la terre, par une disposition de sa volonté suprême et par sa providence, donne les empires non-seulement à une personne en particulier, mais aussi à sa famille.

« D. Quelles sont nos obligations envers nos magistrats ?

« R. Nous devons les honorer, les respecter et leur obéir, parce qu’ils sont les dépositaires de l’autorité de notre empereur.

« D. Que nous est-il défendu par le quatrième commandement ?

« R. Il nous est défendu d’être désobéissans envers nos supérieurs, de leur nuire et d’en dire du mal.


Ce chapitre ainsi rédigé, il restait encore à obtenir l’approbation positive du cardinal Caprara. M. Portalis avait quelques inquiétudes sur les dispositions du représentant du souverain pontife. Il écrit à ce sujet une seconde lettre à l’empereur.


« Sire, lui mande-t-il le 11 mars 1806, votre majesté a daigné donner son approbation aux articles que j’ai eu l’honneur de lui soumettre sur les devoirs des sujets envers l’auguste personne de notre souverain. Comme ces articles étaient entièrement nouveaux, j’ai cru qu’il fallait avant tout m’assurer que M. le cardinal-légat les passerait sans difficulté aucune et qu’il n’y trouverait rien que de très conforme à la