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FAUSSES ROUTES

PREMIÈRE PARTIE[1].


I

La maison d’un gothique douteux et complexe, n’a pas de caractère bien accusé ; le parc n’est pas très étendu, mais les allées sinueuses descendent le long d’une colline boisée de la base au sommet jusqu’aux bords de la Tay, qui tantôt roule ses flots d’argent sur un lit de roches ardues, tantôt les dérobe au fond de quelque ravin encaissé. De là, vous dominez la jolie petite ville de Dunkeld, son large pont jeté sur le cours d’eau torrentueux, et la vieille tour grise de sa cathédrale, qui se dresse à l’horizon comme un vieux géant sur le front duquel le temps a inscrit ses ravages.

Deux hommes étaient là par une fraîche matinée d’automne, se promenant et devisant à loisir. Leur familiarité, qu’une grande différence d’âge ne rendait pas absolument naturelle, attestait des relations intimes et remontant déjà loin. Le plus jeune effectivement avait été l’élève de l’autre, et maintenant il marchait dans la même voie, semblait promis aux mêmes succès et aspirait à la même

  1. En résumant aujourd’hui pour la Revue, sous une forme acceptée de ses lecteurs, l’un des derniers romans de M. Edmund Yates (Forlorn Hope), nous rappellerons, et non sans quelque satisfaction, que nous avons été les premiers à signaler les débuts de ce jeune écrivain, aujourd’hui en possession d’une véritable faveur. Il a fait suivre le récit qu’on a pu lire ici sous le titre de Barberine au joug (Broken to harness) de plusieurs autres dont le succès autorise, selon nous, cette nouvelle tentative, à laquelle nous convie d’ailleurs la donnée originale de l’œuvre que l’on va pouvoir apprécier, si toutefois nous avons réussi, comme nous le désirions, à ne lui rien ôter de sa grâce et de sa saveur natives.