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une grande confédération des populations asiatiques qui refoula les pharaons jusqu’aux frontières de l’Égypte. Thoutmès III répara ces défaites et porta jusqu’à Ninive ses armes victorieuses. Sous Aménophis III, les possessions égyptiennes continuent de s’étendre jusqu’aux bords de l’Euphrate. Ramsès Ier, Seti Ier, Ramsès II, sont sans cesse en guerre avec les nations de l’Asie occidentale ; mais leur domination de ce côté s’est déjà ébranlée, et déjà aussi se prépare l’indépendance des peuples qui, sous la dynastie précédente, avaient été contraints d’accepter l’autorité des pharaons. Les Khétas, peuple belliqueux qui combattait sur des chars, s’unissent par une formidable alliance avec vingt autres tribus asiatiques, et après dix-huit ans de luttes Ramsès II Meïamoun ne réussit à les vaincre qu’en concluant avec ceux que la veille encore il appelait une race vile une paix aussi honorable pour eux que pour lui et qui paraît avoir assuré la tranquillité à la fin de son long règne de soixante-sept ans. Les guerres se sont souvent renouvelées depuis entre les Égyptiens et les populations de la Syrie et de l’Assyrie désignées par les premiers sous le nom générique de Rutennu, mais les pharaons n’ont à aucune époque dépassé dans leurs expéditions la Mésopotamie et la Chaldée.

A l’ouest de l’Égypte se trouvaient des peuples d’une autre race auxquels les peintures donnent des traits qui rappellent ceux des Européens : des yeux ordinairement bleus, des cheveux bruns, blonds et quelquefois roux. Ils apparaissent tous avec une coiffure particulière, formée d’une longue tresse recourbée qui passe par-devant l’oreille et retombe jusque sur l’épaule. Les textes les comprennent sous le nom générique de Tahennou ou Tamehou. On distingue parmi eux les Rebu ou Lebu, qui sont les Libyens, et les Maschuasch ou Masuas, dans lesquels M. Brugsch reconnaît les Maxyes d’Hérodote. Ceux-ci, adonnés à la culture et à l’élève des bestiaux, avaient une nombreuse cavalerie, et les Égyptiens se servirent des prisonniers qu’ils avaient faits chez eux et chez quelques-uns de leurs confédérés pour composer des corps d’auxiliaires.

Sous Séti Ier, Merenphtah, Ramsès III, ces nations libyennes se mesurèrent avec les armées des pharaons. La plus redoutable des attaques qu’ils dirigèrent contre l’Égypte eut lieu sous le fils et successeur du grand Sésostris ; ils s’avancèrent assez près de Memphis. Les circonstances de cette invasion se lisent sur la muraille extérieure du temple principal de Karnak, et M. de Rougé a récemment porté son attention sur ces curieuses inscriptions, dont la publication est due à un égyptologue allemand fort distingué, M. Duemichen. Pour combattre Merenphtah, les Libyens s’étaient unis à d’autres peuples de la mer ou des îles de la mer, ainsi que le disent