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s’approche, augmente ou s’établit, il donne naissance à un courant d’un certain sens dans le circuit induit, et qu’il y fait naître un courant de sens inverse toutes les fois qu’il s’éloigne, diminue ou disparaît.

Ces lois ont été vérifiées par les expériences les plus diverses. Nous en citerons une, celle qui fut tout d’abord répétée par beaucoup de physiciens et qui parut la plus saisissante. On enroule sur un morceau de fer doux un long fil de cuivre isolé par une enveloppe de soie ; on met le fer en contact avec les pôles d’un aimant puissant en même temps qu’on réunit les deux bouts du fil ; si les deux mouvemens sont exécutés avec précision, on voit une étincelle jaillir entre les pointes du fil conducteur. L’étincelle est l’indice d’un courant qui parcourt le fil au moment où le noyau de fer sur lequel il est enroulé s’aimante au contact des pôles. On obtient le même effet avec une bobine de fil de cuivre dans laquelle on introduit brusquement soit un barreau aimanté, soit une autre bobine que traverse le courant d’une pile voltaïque. Le simple rapprochement du barreau inducteur ou de la bobine inductrice suffit pour faire naître dans la bobine induite un courant instantané. Lorsqu’ensuite on éloigne le corps inducteur, on constate dans le fil induit un autre courant instantané de sens inverse. En répétant ces mouvemens alternatifs dans une succession rapide, on peut obtenir une grêle de courans induits tellement rapprochés qu’ils semblent former un flux continu d’électricité, comme les gouttes de pluie qui se pressent pendant une averse nous semblent se réunir en filets d’eau tendus entre le ciel et la terre.

Au premier abord, ce résultat peut paraître bien peu de chose. On arrive par des moyens détournés à produire un courant intermittent qui est presque un courant continu ; ne serait-il pas plus simple de faire usage du courant de la pile, qui fonctionne sans interruption ? On va voir qu’il n’en est rien. Les courans induits ont des propriétés particulières que ne possèdent pas les courans de la pile ; ils offrent, en plus des qualités importantes qui distinguent ces derniers, l’énorme tension de l’électricité de frottement. Les courans d’induction représentent donc en quelque sorte la réunion des deux formes de l’électricité, entre lesquelles il y avait comme un abîme, — l’électricité dynamique des piles, caractérisée par l’abondance du fluide, et l’électricité statique des machines à plateaux de verre, à tension très forte, qui se manifeste par des étincelles acérées. La première avait le privilège d’opérer les décompositions chimiques, car une pile d’un petit nombre d’élémens dégage en très peu de temps l’hydrogène de plusieurs grammes d’eau, tandis que les étincelles foudroyantes d’une machine à frottement décomposent à peine une goutte de liquide en quelques heures. On voit que la quantité d’électricité, qui se mesure par l’effet chimique, est extrêmement faible dans les machines, quoiqu’elle présente une tension qui manque à l’électricité voltaïque. Pour donner une idée de la supériorité de la pile comme