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dépense par les nations européennes qui entretiennent un commerce actif dans ces parages, et qui sont ainsi les plus intéressées à la sûreté de la navigation, il n’y aurait point à hésiter.

Dans un autre ordre d’idées, la circulation des paquebots pourrait être très efficacement encouragée par des remises de taxes et par des facilités d’approvisionnement pour les houilles. Est-il croyable que ces navires, qui remplissent une véritable mission d’utilité internationale, demeurent soumis aux droits de tonnage et aux taxes de toute nature que le génie fiscal a établies dans les ports ? Ces droits sont calculés d’ordinaire d’après la capacité du navire, de telle sorte que ce sont les paquebots,-postes, avec leurs dimensions plus grandes, qui supportent la plus, lourde charge d’impôts ! Il ne serait pas équitable de critiquer très sévèrement les états qui maintiennent les taxes, car notre libéralisme en cette matière est très récent, et il n’est point encore tout à fait complet ; mais on ne s’explique vraiment pas qu’au lieu d’attirer les steamers postaux au moyen de franchises qui seraient pleinement justifiées par la condition exceptionnelle de ces navires et par les services qu’ils rendent, certains ports risquent de les éloigner par des taxes et par des formalités qui sont toujours onéreuses et vexatoires. Il en est de même pour les approvisionnemens de houille. Il semblerait rationnel que des exemptions de droits fussent accordées partout aux bâtimens qui transportent le charbon dans les escales où s’alimente la navigation transocéanienne. Chaque peuple est intéressé à ce que cette navigation soit rendue aussi économique, aussi facile et aussi prompte que possible. Chacun doit se faire un devoir de la protéger et d’en diminuer les charges ; c’est le seul moyen d’obtenir qu’elle augmente le nombre des voyages au profit des régions qui sont assez habiles pour lui ouvrir la plus large hospitalité. Il n’y a pas à craindre que les exemptions de droits pour les paquebots causent un préjudice sérieux aux autres navires, car les chargemens de marchandises sur les bâtiments du service postal sont nécessairement limités, et ils se composent en général de produits de luxe qui n’entrent que pour un faible tonnage dans les transports de la marine ordinaire.

Enfin, sur toutes les côtes, les paquebots sont exposés à rencontrer un écueil que la nature n’a point créé, mais qui n’en est pas moins redoutable : c’est la quarantaine. Qu’une épidémie se déclare sur le parcours des navires, aussitôt les communications régulières cessent ; la quarantaine apparaît, et les ports se ferment. Le moindre indice, le plus, léger soupçon de choléra ou de fièvre jaune provoquent l’application immédiate et très rigoureuse des règlemens sanitaires qui par la quarantaine aboutissent à l’interruption complète des relations maritimes. Les gouvernemens, il faut leur