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CUSTOZA

I. La Guerra in Italia nel 1866, 1 vol. in-8o ; Milano 1867. — II. Delle vicende del primo corpo d’armata durante il primo periodo della campagna del 1866, del maggiore Corsi ; 1 vol. in-8o, Milano 1867. — III. La Battaglia di Custoza, per L. A. Casati ; Firenze. — IV. Rapport du général La Marmora. — Documens, etc.

Les peuples ne grandissent pas seulement par la victoire ; ils se forment et grandissent aussi par les revers, où leur virilité se retrempe, où s’éclaire leur inexpérience. À cette rude école des revers immérités ou mérités, ils s’accoutument à modérer leur orgueil, à faire entrer dans leurs calculs les infidélités de la fortune ; ils apprennent qu’il ne suffit pas de rassembler des soldats, de disposer d’armées nombreuses et puissantes, qu’une nation, même favorisée, n’acquiert pas subitement tous les dons de l’action, que le génie des hommes ne grandit pas toujours avec leur destinée, que les plus mâles efforts peuvent être trahis dans un jour de combat. L’Italie a été certes heureuse depuis bientôt dix ans elle a réussi plus qu’aucun Italien ne pouvait l’espérer, elle a fait ce qu’aucun peuple n’avait pu faire en si peu de temps. Elle a réussi par bien des raisons, d’abord par l’obstination de ce sentiment d’indépendance toujours ravivé dans les désastres, par la dextérité à saisir les occasion, et surtout parce qu’elle a eu pour elle cette force des choses qui en certaines heures a la fantaisie de se déclarer pour le bon droit en compensation de tant d’autres circonstances où elle se fait la servile complice des iniquités triomphantes. Jusque dans ses plus éclatans bonheurs cependant elle a senti plus d’une fois l’aiguillon de la mauvaise fortune et, pour tout dire, ce n’est qu’en étant souvent battue, refoulée, comprimée, qu’elle a fini par vaincre,