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étendent autour d’une lagune tranquille leur gracieux ovale assiégé par les, brisans de la haute mer. Rarement ces îles annulaires sont complètement isolées dans l’océan ; elles se groupent au contraire en multitudes, et, comparables aux nébuleuses du ciel, parsèment de leurs amas la surface bleue du Pacifique et de la mer des Indes. Dans les Maldives, le groupe entier n’est pas moins régulièrement formé que chaque récif. Les divers anneaux sont disposés en un cercle allongé de manière à constituer un atoll de gigantesques dimensions, et l’archipel lui-même, pris dans son ensemble, est un immense ovale de plus de 1,100 kilomètres de longueur, comprenant dix-sept ovales secondaires et ne renfermant pas moins de 12,000 atolls à lagunes, sans compter les écueils. Ne dirait-on pas qu’en ces parages l’ancien continent qui sombre se révèle encore par une sorte de végétation rocheuse dont chaque feuille est un de ces anneaux de corail étalés sur la mer ?

Le contraste est grand entre les atolls et les îles formées de laves entassées. Les simples cônes d’éjection encore actifs, comme le Stromboli, ou bien éteints depuis longtemps comme la plupart des autres îles éoliennes, Salina, Alicudi, Felicudi, dressent superbement hors des flots leurs pentes régulièrement inclinées en talus, et doivent à la simplicité de leur profil une admirable majesté. Bien plus grandioses encore sont les monts aux nombreux cratères latéraux, comme le pic de Ténériffe, le Mauna-Roa, dont les cimes bleues rayonnent dans le ciel au-dessus des nuages et de la foule des pics secondaires. Des périodes d’une longueur prodigieuse ont dû s’écouler depuis le jour où les scories de ces volcans se montrèrent pour la première fois au-dessus de la surface marine ; mais, relativement à presque toutes les autres terres, on peut les dire jeunes, et le petit nombre d’espèces observées sur les îles volcaniques non colonisées par l’homme prouve qu’elles sont en effet d’origine moderne. Comme les atolls, elles affectent dans leur disposition générale une grande régularité. Elles s’élèvent ordinairement dans le voisinage des côtes continentales et de manière à former des rangées on arc de cercle dont la convexité est tournée vers la haute mer : les îles du Japon, les Kouriles, les Aléoutiennes, sont les exemples les plus remarquables de cette disposition des volcans maritimes.

Comparées aux terres d’origine continentale, les corps vraiment insulaires formés de lave ou bâtis par les coraux ont une étendue relativement bien faible. Il semble donc que d’après l’ordonnance générale du globe la séparation devait être primitivement beaucoup plus tranchée entre la mer et les espaces soulevés au-dessus de l’eau. D’un côté de grandes terres continues, de l’autre des océans