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jusqu’à 3 et 4,000 mètres au-dessous des vagues, c’est à des intervalles de quelques dizaines de milles seulement qu’ont été opérés les sondages. Les points de repère qui ont servi à dresser la carte du « plateau télégraphique » et des autres parties de l’Atlantique boréal sont relativement très peu nombreux ; néanmoins les dépressions recouvertes par les eaux offrant en général de très douces ondulations, on peut voir dans cette carte la représentation du relief vrai des profondeurs océaniques. La partie la plus creuse de l’Atlantique du nord est située entre les Açores, Terre-Neuve et les Bermudes. Le point le plus bas qu’on ait observé se trouve au sud-est du banc de Terre-Neuve : la corde de sonde y a mesuré des couches liquides de plus de 8,000 mètres d’épaisseur.

C’est également par des sondages faits à de grandes distances les uns des autres que l’on a pu obtenir des cartes figurant d’une manière approximative le fond de la mer des Antilles et des deux bassins de la Méditerranée à l’est et à l’ouest de la Sicile. Dans l’état actuel de la science, il serait impossible d’en faire autant pour l’Atlantique méridional, où les explorations bathymétriques manquent presque complètement ; il paraît même que les sondages de 13,800 et de 15,000 mètres exécutés dans cette partie de l’océan par le capitaine anglais Denham et par le lieutenant américain Parker doivent être provisoirement écartés, parce que ces marins n’avaient pas tenu compte de la dérivation que les courans et les contre-courans font subir à la corde de sonde. Dans l’ignorance où l’on se trouve relativement à l’épaisseur de la couche liquide dans les divers parages de cet océan, des mathématiciens ont du moins essayé de calculer la profondeur moyenne de tout le bassin par la vitesse de translation des vagues de marée. D’après leurs évaluations, le fond de l’Atlantique austral, beaucoup plus creusé que celui de l’Atlantique boréal, serait à 9 kilomètres environ au-dessous de la surface ; toutefois ce calcul repose sur l’hypothèse bien contestée que les marées, au lieu de se former d’une manière distincte dans chaque bassin de l’océan, prennent leur origine commune dans la grande mer polaire du sud, et se déroulent vers le nord comme une vague immense dans la double vallée de l’Atlantique.

Quant à la partie de l’Océan-Pacifique comprise entre le Japon et les côtes de la Californie, ce n’est point par la vitesse de propagation des marées, mais par celle des vagues d’ébranlement que l’on a pu en évaluer approximativement la profondeur moyenne. Lors du terrible tremblement de terre du 23 décembre 1S54, qui détruisit en grande partie plusieurs villes japonaises, entre autres Yeddo et Simoda, les vibrations de la surface marine traversèrent en 12 heures et quelques minutes un espace océanique de 11,000