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trésor, qui s’est ressenti dans un de ses chapitres des effets financiers du désastre mexicain. Dans le cours de l’année 1865, 42 millions représentés en rentes mexicaines étaient portés au crédit du trésor. Après le succès obtenu par le premier emprunt en obligations, on eut l’idée de convertir ces rentes en obligations, afin, d’en faire plus aisément ressource. Le trésor traita en effet avec une compagnie de banquiers de l’aliénation de ces valeurs mexicaines. Il les vendit moyennant douze paiemens mensuels qui devaient partir du mois de décembre 1865. La compagnie avait posé comme condition préalable qu’elle renoncerait à son contrat, si une force majeure en rendait l’exécution impossible. Le cas de force majeure se présenta au mois de mai 1866, quand la résolution de l’évacuation de nos troupes fut connue. La valeur des obligations mexicaines, qui dépendait absolument de la vitalité que notre concours militaire pouvait seul conserver à l’empire de Maximilien, fut profondément dépréciée. Ces titres devinrent invendables. La compagnie des banquiers dénonça le traité au ministre des finances. Le cas de force majeure était bien patent, puisqu’une mesure décisive du gouvernement français dénaturait et détruisait la valeur du titre, et allait entraîner la destruction du débiteur. La compagnie avait pris au trésor 15 millions en valeurs mexicaines ; il en resta au trésor 28 millions. C’est cette transaction qui a fourni à M. Berryer l’occasion d’ouvrir une trouée sur la liquidation financière de l’affaire mexicaine. En l’absence de toute explication du gouvernement, il a demandé pourquoi on avait rétabli au crédit du trésor le solde non vendu des obligations, et il a soutenu que la résiliation du contrat conclu avec les banquiers n’était point justifiée. L’opinion est si peu informée des questions financières, elle est si peu au courant du détail des affaires, que l’interpellation de M. Berryer a produit l’effet d’une révélation et a vivement ému le corps législatif et le public. D’un autre côté, les organes du gouvernement ont eu l’air d’être surpris et comme embarrassés. Il était visible, à leur attitude et à leur langage, qu’ils n’avaient point encore adopté de système sur la liquidation des emprunts mexicains ; s’ils avaient eu un plan sur la question générale, l’incident de la négociation des obligations appartenant au trésor y eût inévitablement trouvé place, et les critiques de M. Berryer eussent été refoulées par une solution compréhensive. Après tout, l’admirable orateur, qui traite avec tant d’ascendant les questions financières, eût pu, à notre avis, trouver une meilleure thèse d’opposition dans l’opinion contraire à celle qu’il a soutenue. Dans la transaction dénoncée par lui, le rôle naïf et passif a été pour les banquiers. Nous le répétons, la valeur de l’obligation mexicaine était intrinsèquement nulle ; elle n’existait que par la vie que lui donnait et que lui pouvait retirer la politique du gouvernement français. La résolution de notre retraite du Mexique était le secret du gouvernement. Cette résolution mettait fin à la valeur de 300 fr., attribuée jus-