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La collection de bois envoyée par l’Autriche à l’exposition est très belle et bien faite pour donner une idée des ressources de ce genre que possède cet empire. En effet, bien qu’une partie de ses forêts soit encore inexploitée, on estime à 75 millions de francs la valeur annuelle des bois qu’il exporte. La Croatie, l’Esclavonie, les provinces illyriennes, la Carinthie, renferment de magnifiques massifs de chêne, hêtre et sapin ; le Tyrol a de belles forêts de mélèze dont la contenance n’est pas moindre de 6 millions d’hectares et dont les produits peuvent, par de nombreux cours d’eau, être dirigés vers les différens ports de l’Adriatique. Dans les provinces du nord-est, la Galicie et la Bukowine, les forêts occupent les hauts Carpathes le long des frontières de la Hongrie et de la Transylvanie, où elles couvrent une étendue de plus de 800,000 hectares. Le pin croît dans les plaines, le sapin et l’épicéa se plaisent sur les sommets et sont remarquables par la hauteur des tiges : on en rencontre qui ont jusqu’à 66 mètres de haut. Ces bois trouvent un débouché dans la Russie et dans les ports de la Baltique. Les provinces du nord-ouest, le Tyrol septentrional, l’archiduché d’Autriche, la Bohême, sont moins boisées, quoiqu’elles soient cependant abondamment pourvues.

De toutes les collections de bois qui figurent au Champ de Mars, la plus belle et la plus complète est certainement celle qui a été exposée par l’administration forestière française, et qui est due aux soins de M. Mathieu, professeur d’histoire naturelle à l’école de Nancy. Elle renferme, rangés dans un ordre scientifique, tous les échantillons de bois de service, de constructions civiles ou navales, d’industrie, de fente, de chauffage, que produit la France. On peut, en l’examinant en détail, se convaincre de la merveilleuse souplesse de la culture forestière qui s’accommode de tous les sols et de tous les terrains, apprécier les diverses qualités des bois de même espèce, et se rendre compte des circonstances de végétation et de culture qui influent sur ces qualités.

Le bois est d’autant meilleur qu’il renferme moins d’aubier, c’est-à-dire de cette partie de l’arbre qui contient sous forme de fécule les matériaux destinés à le transformer plus tard en bois parfait. Ces corps étant très fermentescibles, il faut, pour empêcher une prompte détérioration, enlever l’aubier dès qu’on met les bois en œuvre. Cette opération, surtout nécessaire pour le chêne, les pins sylvestre et maritime, occasionne toujours un déchet considérable.

La densité est également une qualité importante. L’opinion générale qu’un bois est d’autant plus dense, d’autant plus nerveux que les couches sont plus rapprochées, c’est-à-dire que la végétation a été plus lente, n’est pas absolument exacte. Pour les chênes, par