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s’y est élevé en 1865 pour cette marchandise qu’à 363,545 fr. en y comprenant les bois de teinture et d’ébénisterie ; dans ce chiffre, la Guyane seule figure pour 169,051 francs. Cependant le sandal et l’ébène commencent à devenir au Gabon l’objet d’un commerce régulier, qui pendant cette même année s’est élevé à 40,000 tonneaux et qui vraisemblablement continuera de s’accroître.


II

Si les collections des pays lointains nous montrent les produits des forêts abandonnées à elles-mêmes, les collections européennes nous permettent d’apprécier dans une certaine mesure l’influence de la culture sur la production du bois. Il s’en faut cependant que tous les pays de l’Europe soient également avancés sous ce rapport, bien qu’on ne puisse les juger par les exhibitions du Champ de Mars. Il ne suffit pas en effet de grouper ensemble de beaux échantillons ; si l’on n’a pas eu soin d’indiquer en même temps et l’étendue des forêts et l’importance de la production annuelle, on n’aura donné aucune idée des ressources que peut offrir un pays. Ainsi, à voir leurs expositions, l’Espagne et l’Italie seraient plus boisées que l’Allemagne du nord, qui est très incomplètement représentée. Il est bon de se mettre en garde contre de semblables illusions. Tout le monde connaît les principales essences de nos contrées et les usages auxquels elles sont propres. Nous n’insisterons pas sur ce point, et nous nous bornerons à indiquer pour chaque pays ce qu’il peut offrir de particulier, en nous en tenant, bien entendu, à ceux qui valent la peine d’être mentionnés.

Placées dans des maisons isolées, les collections de la Suède et de la Norvège nous offrent à peu près les mêmes essences que celles de nos pays ; mais les bois des régions Scandinaves se distinguent par la régularité de la croissance et la finesse du grain. Les sapins de Norvège, très remarquables sous ce rapport, sont extrêmement recherchés. En 1865, ce royaume en a exporté 860,000 tonneaux d’une valeur de 45,600,000 fr. La moitié environ est sciée en madriers, l’autre moitié se vend à l’état brut, spécialement en Angleterre et en Hollande. Le débit de ces bois n’occupe pas moins de 3,300 scieries et de 8,000 ouvriers. La Suède est beaucoup moins boisée que la Norvège, et l’on peut voyager pendant plusieurs jours sans apercevoir la moindre forêt. Il serait temps que le gouvernement se préoccupât de conserver celles qui subsistent encore, et qu’il prît des mesures pour régulariser les exploitations et empêcher les dévastations.