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l’exploitation des forêts de la Guyane, et un chantier de construction avait été élevé sur l’un des affluens de l’Amazone ; mais l’établissement fut abandonné sans avoir donné de grands résultats. Dans ces dernières années, le ministère de la marine revint à cette idée, et fit installer sur le Maroni des chantiers où travaillent les transportés. L’emploi des premiers chargemens adressés en France par les pénitenciers confirma pleinement les espérances précédemment conçues, car d’après les expériences faites par les soins de M. de Lapparent, directeur des constructions navales, la plupart de ces bois sont, sous le rapport de l’élasticité et de la résistance à la rupture, supérieurs même au teck de l’Inde, qui jouit cependant sous ce rapport d’une réputation méritée. Dans la Guyane, on rencontre également l’acajou et un grand nombre d’arbres qui seraient recherchés pour l’ébénisterie ou pour les produits spéciaux qu’ils peuvent fournir, fruits, écorce, matière tinctoriale, résine, etc., si l’exploitation en était plus facile. Il y a donc là des trésors encore enfouis ; mais le jour ne peut tarder où ils entreront dans la circulation générale.’

L’Amérique du Nord n’est représentée que par le Canada, dont les produits ligneux avaient déjà été remarqués aux expositions de 1855 et de 1862. L’exploitation des forêts est la principale ressource de ce pays, dont tous les fleuves sont canalisés de manière à permettre le flottage des bois jusqu’à Québec, d’où on les expédie par le Saint-Laurent sur tous les points du monde. On y trouve différentes espèces de chênes plus grands que ceux d’Europe, mais d’un bois plus gras et plus poreux, l’épinette rouge ou tamarac (laryx americana) dont le bois dur et facile à travailler est employé aux constructions navales. Viennent ensuite un grand nombre d’essences utiles à divers titres, le pin rouge, le pin jaune le hemlock ou sapin du Canada, le cèdre rouge, l’orme, le bouleau, le noyer noir (black walnut), dont le bois est d’un beau violet, enfin l’érable, qui est l’arbre national par excellence et l’emblème du Canada. On en compte plusieurs espèces, l’érable blanc, l’érable rouge, l’érable ondé, l’érable œil d’oiseau (birds’ eye maple) et l’érable à sucre, le plus remarquable de tous. Propre aux constructions comme à la menuiserie, il a en outre la propriété de fournir une sève qui, par la distillation, donne un sucre très estimé. Le Canada en produit annuellement environ 20 millions de kilogrammes.

Les collections australiennes ne sont pas moins complètes que celles des autres colonies anglaises ; elles renferment des échantillons d’un grand nombre d’essences, dont les unes sont précieuses par leur bois, les autres par les gommes qu’elles sécrètent. Dans