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En serai toujours ainsi, que d’heureux hasards, des révélations imprévues se succéderont sans fin, tantôt pour modifier, tantôt pour renverser de fond en comble nos jugemens et nos théories sur cet intarissable sujet ? Après tout, cela même est un bien. Cette instabilité, cette recherche continué aiguisé nos esprits ! On peut dire que c’est pour la Grèce un rôle providentiel que de stimuler le genre humain à la recherche du beau en ne lui disant jamais son dernier mot en matière d’art. Si ses chefs-d’œuvre se ressemblaient tous, s’il étaient admirée et compris toujours de la même façon, ils ne rendraient pas les services que l’art et la poésie sont en droit d’en attendre. L’espèce de mystère qui en enveloppe les beautés, même les plus manifestes, les rend plus profitables en même temps qu’il leur donne comme un attrait de plus. Dès lors on doit comprendre que, malgré l’impossibilité de jamais le résoudre, le problème de la musique grecque soit de ceux qu’il importe de ne jamais abandonner. Ne fût-ce que par amour des idées qu’il réveille et des questions qui s’y rattachent, il faut souhaiter qu’on se dévoue de temps en temps à l’agiter encore. Aussi l’auteur de ce nouvel essai a-t-il droit à des remercîmens sincères. On ne peut trop le féliciter de sa courageuse tentative, et lui tenir un trop large compte de ses veilles et de ses efforts.


L. VITET.



Causeries sur l’Art, par M. BEULE[1]


Le mouvement étroitement archéologique qui depuis quelques années tendait à refouler l’histoire de l’art dans les limites de l’inventaire et du procès-verbal semble fort heureusement se ralentir. Ce n’est pas que l’on en soit venu partout à se corriger de la manie des petites recherches et des découvertes stériles ; mais à côté ou plutôt fort au-dessus des régions où l’on recueille ces menus souvenirs, des questions plus dignes d’examen sont soulevées, des faits plus considérables à tous égards sont proposés en exemple.

C’est parmi les écrits qui auront le plus sûrement contribué de notre temps à déterminer ce progrès que les travaux de M. Beulé sur les arts doivent être classés. Nous n’avons pas d’ailleurs, au point de vue de l’érudition et du talent littéraire, à signaler les mérites de ces travaux, qui sont déjà connus des lecteurs de la Revue. Ce que nous voulons indiquer seulement, c’est l’unité que des morceaux ainsi rapportés après coup, ainsi groupés sans lien extérieur, empruntent au fond de la fixité des principes. Rien de moins rare, quant au mode de composition, que des volumes formés à La façon de celui-ci ; mais ces sortes de mosaïques

  1. 1 vol. in-8o ; librairie Didier.