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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juillet 1867.

La discussion des budgets n’est point encore terminée, mais elle a épuisé ses principaux épisodes. Les manifestations diverses auxquelles elle a donné lieu permettent d’apprécier le curieux moment où nous sommes arrivés dans le développement politique intérieur de la France.

Il n’est point de formule plus vulgaire que le mot d’époque de transition. Si pourtant ce lieu commun a jamais pu être appliqué justement à une situation, c’est bien à celle où nous sommes. Il est évident que la politique intérieure en France est en train de se modifier, et cependant le mouvement demeure encore suspendu par de lentes et lourdes indécisions. Ce sont ces incertitudes que la discussion des budgets a mises en lumière. Les discours prononcés par les orateurs qui savent exprimer les caractères et peuvent marquer les tendances des phases de la vie politique du pays ont bien indiqué la nature de la transition où nous sommes. Il est certain que nous approchons d’une époque où l’action du pouvoir sera modifiée. Le pouvoir doit abandonner une partie de l’initiative absolue dont il s’était emparé il y a quinze ans ; le contrôle de l’opinion publique et de l’assemblée représentative ne peut manquer désormais de gagner beaucoup sur l’initiative du pouvoir. Il est incontestable que le gouvernement a le sentiment de la nécessité de cette évolution. Les promesses du 19 janvier en font foi. Comme nous l’avions prévu d’ailleurs, les débats du corps législatif ont démontré par l’exposé et la critique des faits que la sécurité et la dignité du pays imposent au gouvernement le devoir de laisser une action plus libre à l’opinion publique et aux conseils nationaux. Les événemens avaient d’avance rendu cette démonstration bien facile, et le talent des orateurs l’a complètement achevée. Quel suprême enseignement par exemple M. Thiers n’a-t-il point tiré de l’expérience déplorable de l’entreprise mexicaine !

Un affreux dénoûment, une de ces effrayantes infortunes qui donnent