Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 70.djvu/437

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le titre de roi de Naples. Le 23 avril 1806, le cardinal Fesch avait notifié cet avènement au ministre de sa sainteté ; La communication du ministre de France était rédigée de ce style hautain et passablement déclamatoire dans lequel se complaisait alors la diplomatie impériale ; les termes en étaient calculés de façon à inquiéter et à blesser la cour de Rome.


« Le trône de Naples ayant vaqué à la suite d’une peine encourue par la plus scandaleuse perfidie dont les annales des peuples aient jamais fait mention, et sa majesté s’étant trouvée dans la nécessité de soustraire ce pays et l’Italie entière aux fureurs d’une cour insensée, elle a jugé convenable à sa dignité de confier la destinée de ce pays qu’elle chérit à un prince de sa maison. Le soussigné ne doute pas que le gouvernement pontifical ne voie dans cet heureux événement une nouvelle garantie du système d’ordre, de justice, de consistance, qu’elle a toujours eu à cœur d’établir dans tous les lieux qui sont soumis à son influence, et ne reçoive cette communication comme un nouveau gage des sentimens d’amitié qu’elle se plaît en toute occasion à manifester à sa sainteté[1]. »


Par cette communication, le cardinal Fesch ne demandait pas au Vatican d’une façon officielle la reconnaissance du nouveau roi de Naples ; il avait plutôt l’air de l’attendre de la libre adhésion du saint-père. le ton comminatoire et presque ironique de cette note, évidemment envoyée toute faite de Paris, ne pouvait qu’être péniblement ressenti par la cour de Rome ; Consalvi y fit quelques jours après, par ordre du saint-père, une courte réponse qui ne manqua pas d’exciter chez l’empereur un véritable accès d’indignation et de colère. Dans la note adressée au cardinal Fesch et qui n’avait que quelques lignes, le secrétaire d’état du saint-siège se bornait à rappeler « les rapports qui depuis tant de siècles avaient toujours existé entre le saint-père et la couronne de Naples, rapports, disait Consalvi, qui ont été constamment observés, nommément dans les cas de conquêtes, non-seulement lors de l’établissement d’une nouvelle dynastie, mais aussi au commencement de chaque nouveau règne, rapports qui ne sauraient échapper à la justice et à la pénétration de sa majesté impériale[2]. »


Quels qu’aient été les motifs qui décidèrent Pie VII et son ministre à rappeler en cette délicate circonstance les droits de vassalité que depuis des temps fort reculés le saint-siège prétendait exercer sur la couronne de Naples, nous croyons qu’ils furent malheureusement inspirés en y faisant cette trop claire allusion. Ils ne

  1. Note du cardinal Fesch au cardinal Consalvi, 23 avril 1806.
  2. Note du cardinal Consalvi au cardinal Fesch, 26 avril 1806.