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convenues en commun du concordat italien ; elle se plaignait de la publication du code Napoléon en Italie et des mesures prises dans les provinces de ce pays pour détruire la plupart des anciens établissemens ecclésiastiques. Le ton général de cette dépêche, évidemment libellée par le cardinal Consalvi, était d’ailleurs grave et mesurée Dans des termes réfléchis et pesés, elle opposait aux exigences péremptoires du gouvernement français les principes dont le Vatican entendait de son côté ne se point départir, et que depuis en effet il n’a jamais abandonnés. Par ce document officiel, comme par la note de M. de Talleyrand, qu’elle s’appliquait à réfuter, la nature des différends qui séparaient les deux gouvernemens était nettement accusée. De part et d’autre, les argumens ne varièrent plus beaucoup ; mais des incidens fâcheux ne tardèrent pas à surgir, qui étaient destinés à aigrir considérablement la vivacité de la controverse engagée entre les deux chancelleries.

Le cardinal Fesch, demeuré à peu près inactif à Rome et toujours désireux d’accroître les embarras de Consalvi, employait les loisirs qui lui étaient faits à remplir sa correspondance de continuelles dénonciations contre les actes du ministre qu’il voulait à tout prix faire tomber du pouvoir. Il ne regardait pas à représenter sous les plus noires couleurs les plus simples mesures prises par la secrétairerie d’état. Afin de subvenir à la détresse croissante du trésor, le gouvernement pontifical avait, par un récent décret, mis à la charge des Romains un impôt provisoire destiné à solder diverses dépenses extraordinaires, parmi lesquelles étaient comprises celles qu’occasionnait le passage continuel des troupes impériales à travers le territoire du saint-siège. Là-dessus le cardinal Fesch n’avait pas craint d’écrire à Paris que ce nouvel impôt avait été inventé uniquement pour faire accroire au peuple de Rome qu’il était condamné à payer la nourriture des soldats français, et qu’on s’efforçait d’en rendre la levée aussi vexatoire que possible afin d’en faire rejaillir d’autant plus de haine contre la France. Dans une autre dépêche, l’oncle de l’empereur dénonçait peu de jours après le prétendu rassemblement à Rome d’un grand nombre de chefs de bande, rassemblement qui ne pouvait sans doute avoir lieu sans l’aveu du gouvernement, et qui révélait de sa part les plus sinistres projets formés contre la sûreté des soldats français qui allaient rejoindre isolément leur corps. Malheureusement pour le cardinal Fesch, ces faits, qui attirèrent aussitôt à la cour de Rome deux notes très vives du ministre des relations extérieures, n’avaient jamais existé que dans l’imagination du ministre de France. Il ne fut pas difficile à Consalvi de les faire officiellement démentir par le légat à Paris. Au sujet de l’impôt extraordinaire, il lui avait suffi d’envoyer un exemplaire du