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plus insignifians y étaient représentés sous le jour le plus fâcheux. Sans aucun mauvais dessein ou plutôt contre sa véritable inclination, mais par suite de sa haine incurable contre le secrétaire d’état de sa sainteté, Fesch, dépourvu de toute véritable influence sur la marche des affaires, n’en contribuait pas moins à avancer fatalement l’époque d’une rupture, qu’en sa qualité de prince de l’église et de prêtre convaincu il fut le premier à déplorer lorsqu’elle vint plus tard à éclater. Cet effacement personnel du cardinal Fesch n’était donc point destiné à faire cesser la dangereuse controverse maintenant engagée entre l’empereur et le pape. Elle devait se poursuivre aussi vive que jamais. A Rome comme à Paris, le fond en restait le même ; elle allait seulement changer un peu de forme et passer en d’autres mains.


II

Du moment où Pie VII ne se souciait plus de traiter avec le gouvernement impérial par le canal de l’ambassadeur de France, il était forcément obligé d’employer le plus souvent l’intermédiaire de son légat, le cardinal Caprara. L’empereur de son côté, ne voulant plus écrire au pape et n’ayant pas grande confiance dans son oncle, était aussi conduit à recourir habituellement à la même voie. C’était donc le représentant du saint-siège à Paris qui, en recevant les communications officielles du ministre des affaires extérieures de France, était à la fois chargé de lui adresser celles du Vatican. Il semble à première vue que de cette forme nouvelle donnée aux relations quotidiennes des deux cours il aurait dû résulter qu’un plus grand rôle, une part d’influence plus considérable, allaient échoir aux personnes directement mêlées à cette grave négociation, c’est-à-dire à M. de Talleyrand et surtout au cardinal Caprara. Il n’en fut rien. Les choses restèrent ce qu’elles étaient auparavant. Napoléon à Paris, Consalvi à Rome, quels que fussent les agens dont ils se servaient, entendaient bien tous deux ne pas cesser de tenir en main tous les fils de la négociation ; ils n’avaient même ni l’un ni l’autre renoncé à tout diriger et à tout conduire, non pas seulement d’une façon générale, mais dans tous les détails qui en vaudraient la peine. Entre eux était le duel, nullement entre leurs seconds. Entre leurs seconds d’ailleurs, quelle différence ! L’avantage n’était point certainement du côté du cardinal secrétaire d’état. Caprara, au moment dont il s’agit, était plus que jamais à la merci du gouvernement auprès duquel il était accrédité. Pie VII venait d’avoir la preuve que, dans des circonstances récentes et très graves qui regardaient les instructions spirituelles à donner au clergé de France et dont nous