Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 70.djvu/1027

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Humbert, qui étaient à Villafranca ? Elles ne faisaient rien, elles n’avaient pas tiré un coup de fusil depuis le matin. Si on craignait un retour possible de la cavalerie autrichienne, une division eût assurément suffi avec la cavalerie du général de Sonnaz, qu’on avait sous la main. Dans vingt minutes de galop, le commandant du 3e corps, le général della Rocca, aurait pu aller s’assurer de ce qui se passait à Custoza, de ce que devenait une de ses divisions qui lui demandait du secours ; il n’y alla point, il n’envoya pas le secours ; Govone espérait encore, lorsqu’à quatre heures l’assaut autrichien recommençait plus furieux. Pendant plus d’une heure, il se défendit de position en position avec le plus intrépide acharnement ; mais à la fini ses munitions étaient épuisées, il avait quatre pièces d’artillerie démontées, ses soldats étaient exténués de faim, de chaleur et de fatigue. Il avait perdu 1,326 hommes ; deux des officiers de son état-major avaient été tués, et tous les autres étaient blessés ; lui-même, il avait été atteint.

Que pouvait-il faire de plus ? Il avait tenu obstinément jusqu’à cinq heures et demie. Ce ne fut qu’alors qu’il se décidait à se replier, ne cédant toutefois le terrain que pied à pied, suspendant par instans sa marche pour faire face à l’ennemi. À cette heure-là, Sirtori, après s’être arrêté un moment à Valeggio, en était déjà parti et avait fait passer au-delà du Mincio toutes les troupes réunies sur ce point, sans se rendre tout à fait compte de la gravité d’une résolution qui pouvait compromettre singulièrement le reste de l’armée. La perte de Custoza, c’était la perte définitive de la bataille. Un succès sur un autre point n’eût rien décidé ; le maintien victorieux de Govone sur les hauteurs de Custoza eût neutralisé tous les autres avantages des Autrichiens. Dès que Govone succombait sous le nombre, — il n’y avait plus que lui qui combattît encore, — c’était le signal d’une retraite générale, que Bixio eut la mission de couvrir. C’est alors que pour la première fois de la journée reparut la cavalerie de Pultz, essayant de harceler les divisions italiennes dans leur mouvement vers le Mincio ; mais Bixio la reçut comme il l’avait reçue le matin, et à une vaine sommation de se rendre qu’on eut la fantaisie de lui adresser il répondit d’une si fière façon qu’on n’eut pas envie de recommencer, ni même de pousser plus loin la poursuite. On le laissa se retirer, ce qu’il fit après un combat d’arrière-garde, tranquillement, en ordonnant à ses soldats de jouer des fanfares. La retraite ne fut point autrement troublée et se prolongea jusque fort avant dans la nuit.

C’était une défaite sans nul doute. Telle est la fortune des batailles : quelques jours plus tard, à Sadowa, les Prussiens étaient battus vers deux heures, lorsque l’arrivée de l’armée du prince