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Cialdini, avait pour chef le général Morozzo della Rocca, vieux Piémontais fort honorable, longtemps aide-de-camp et ami du roi, mais peu en faveur dans l’opinion.

Jusqu’à la mi-juin, l’armée italienne n’avait pas quitté les premiers campemens qui lui avaient été assignés. Toutefois, par ses positions, il était facile de voir qu’elle devait poursuivre une opération très complexe, que les deux rassemblemens principaux visaient un objectif différent, l’un tendant vers les régions inférieures du Pô, paraissant destiné à tenter le passage du fleuve pour tourner les forteresses et l’armée autrichienne, l’autre faisant face au Mincio, tandis que les volontaires de Garibaldi, un moment disséminés aux deux extrémités de la péninsule, à Bari et à Come, devaient définitivement se porter sur le Tyrol. Cette situation devenait bien plus sensible le jour où, la Prusse donnant en Allemagne le signal de la lutte, l’armée italienne à son tour était obligée de prononcer ses mouvemens. C’est le 20 juin au matin que le général La Marmora adressait à l’archiduc Albert un manifeste de guerre dénonçant les hostilités sous trois jours, et en même temps tous les corps italiens s’ébranlaient. Tandis que Cialdini échelonnait ses sept divisions de Magnocavallo à Mesola, tout à fait dans le bas Pô, se transportant lui-même à Ferrare, Durando se portait à Cavriana à travers tous ces lieux sur lesquels semblait planer un souvenir de victoire, et amenait ses forces le long du Mincio, plaçant la division Pianelli à Dondino, d’où elle surveillait Peschiera, la division Cerale à Pozzolengo, la division Sirtori à Castellaro, la division Brignone à Volta. A la suite, c’était le 3e corps de della Rocca s’avançant du même pas et prolongeant la ligne par les divisions Bixio, Cugia, Govone et prince Humbert. Puis venait le 2e corps de Cucchiari, arrivant à Castelluchio, en face de Mantoue, et allant donner la main par la division Nunziante à l’extrême gauche de Cialdini. Enfin la division de cavalerie de Sonnaz s’avançait à Medole, suivant l’armée de près, et le quartier-général du roi se portait à Canneto, au centre et un peu en arrière de la ligne de marche. C’est à Canneto qu’eut lieu un dernier conseil.

On en était là le soir du 22 juin, quelques heures à peine avant l’action. Que la marche de l’armée italienne dût aboutir à une double attaque essayant de saisir l’ennemi des deux côtés en divisant ses forces, c’était bien clair, et il n’avait pas failli aux Autrichiens une extrême perspicacité pour pénétrer ce secret ; ils n’avaient nullement besoin des indiscrétions des journaux, indiscrétions qu’on paraissait redouter beaucoup au quartier-général italien. Il ne restait pas moins à savoir, entre les deux attaques, quelle devait être la principale, quelle devait être l’accessoire, comment l’une et l’autre pouvaient se combiner, de qu’elle façon elles allaient s’exécuter