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qui permettra d’opérer les améliorations reconnues nécessaires. Plusieurs écoles, à la fois primaires et secondaires, exigent un personnel de professeurs qui dépasse les besoins du service et n’est pas en raison du chiffre encore restreint des élèves. Le rapport demande qu’elles soient affectées uniquement à l’enseignement secondaire ; les professeurs, étant moins nombreux, pourront être mieux rétribués. A un autre point de vue, cette réforme aura son utilité, l’enseignement secondaire, maintenant éparpillé et forcément privé d’une direction centrale et vigilante, gagnera à être concentré sur quelques points principaux.

Les provinces, moins bien traitées que la capitale et par conséquent en retard sur elle, attendent l’arrivée de maîtres à la hauteur du mandat qu’il auront à remplir. La commission, estime qu’il y a lieu de fonder à Constantinople une école secondaire provinciale, où les élèves seraient envoyés de toutes les parties de l’empire. Plusieurs jeunes gens pourraient y être entretenus par les caisses des églises de leur ville natale. Le conseil national a accédé avec empressement à ce vœu et a désigné pour cet objet l’école de Galata. Cette création sera excellente non-seulement pour hâter le progrès des études, mais aussi pour unir par les liens de la camaraderie des élèves venus de tant de lieux différens et d’abord étrangers les uns aux autres. Lorsque plus tard, après avoir fini leur noviciat, ils rentreront dans leurs foyers, ce lien ne sera pas rompu ; la fraternité de l’école survivra à la séparation, et la force vivifiante de l’esprit de corps tendra sans cesse à animer leur enseignement et à lui donner de l’uniformité.

On peut avoir ainsi des hommes de bonne volonté et de mérite ; mais l’édifice, pour être achevé, doit recevoir son couronnement. il faut des méthodes pour régler la parole du maître et en rendre le souvenir durable et fécond. Cette question a éveillé aussi la sollicitude du conseil national, il a pensé qu’il serait bon d’aller demander des leçons à un pays où l’instruction a été portée à un haut degré de perfection. La France, comme je l’ai déjà dit, a pour les Arméniens un attrait qui a sa source dans la grandeur et l’éclat de sa civilisation et aussi dans les souvenirs lointains, mais non effacés d’une confraternité d’armes sur tant de champs de bataille, en Syrie, à l’époque des croisades, et des alliances qu’ils contractèrent avec la noblesse française d’outre-mer. Si ce projet se réalise, des jeunes gens pris parmi les élèves d’élite seront envoyés à Paris pour se mettre au courant des meilleures méthodes d’enseignement, et ensuite ils retourneront à Constantinople, riches du butin qu’ils auront fait, pour former le noyau d’une école normale arménienne.