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d’être prise en considération par les nations les plus avancées de l’Europe. « Le conseil religieux doit regarder comme un devoir sacré pour lui de veiller à ce que les cérémonies de l’église aient lieu et à ce que les sacremens soient dispensés à tous les fidèles gratuitement (art. 26). »

Ces deux conseils se réunissent ensemble quand des affaires mixtes se présentent, comme pour la nomination du patriarche. Dans ce dernier cas, les titres des candidats, évêques ou simples docteurs en théologie[1], sont examinés avec attention, et trois d’entre eux sont désignés, parmi lesquels l’assemblée générale fait son choix. C’est encore cette assemblée qui nomme les comités d’administration, de justice, d’instruction publique et des finances. Le comité d’administration surveille la gestion économique des fondations et des propriétés nationales, particulièrement des couvens, et détermine l’emploi des revenus qui en proviennent. Ces revenus doivent être consacrés à la création d’écoles dans les monastères et partout où il y a un centre de population, en y joignant, si c’est possible, un hospice, un musée et une imprimerie. La mission du conseil de justice est de mettre un terme aux contestations par la voie de la conciliation, et, si les parties s’obstinent à ne pas s’accorder, à prononcer entre elles, dans les instances de nature religieuse, d’après les prescriptions canoniques ou la tradition des ancêtres, — dans les procès civils conformément aux lois en vigueur dans les tribunaux de l’empire. En même temps, des comités de quartier ou de paroisse sont établis pour la haute direction et l’inspection des écoles ; ce sont à la fois des bureaux de bienfaisance, et à certains égards des justices de paix. L’institution de cette juridiction toute paternelle a produit déjà d’excellens résultats, et a été un véritable bienfait pour les nationaux.

L’organisation des provinces a été calquée sur le modèle de celle de la capitale ; à la tête de chacune d’elles est un ecclésiastique pris dans les rangs du clergé noir et qualifié d’aradchnort. C’est ordinairement un docteur en théologie que sa dignité assimile aux évêques, dont il a les pouvoirs sans en porter le titre. Dans chaque province, il y a, comme à Constantinople, une hiérarchie savamment étagée, du moins sur le papier, d’assemblées, conseil provincial, conseils religieux et civil, comités de quartier, sans compter le conseil diocésain.

Voilà certes une exubérance d’assemblées : s’il est bon de délibérer et de réfléchir avant d’agir, il ne faut pas oublier que la

  1. Si c’est un docteur en théologie qui est nommé patriarche, il doit, avant son installation, aller se faire sacrer évêque par le catholicos à Edchmiadzine.