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réalisée dans les machines magnéto-électriques de PIxii, Saxon, Clarke, Page, Nollet, etc. Elles reposent toutes sur l’emploi de puissans aimans permanens qui deviennent la source première de courans induits qui sont lancés dans le fil de l’armature. On appelle ici armature la pièce de fer qui tourne entre les pôles de l’aimant et qui porte le circuit destiné à recevoir les courans.

Un physicien anglais, M. Wilde, a fait l’année dernière un pas de plus. Il s’est dit que les courans obtenus par la rotation de la machine pouvaient être employés à produire un électro-aimant, si on les lançait dans une bobine enroulée autour d’un morceau de fer doux. On sait en effet qu’un courant qui circule en hélice autour d’une tige de fer la magnétise, en fait un aimant temporaire qu’on appelle électro-aimant. M. Wilde comprit qu’avec les courans dont il disposait il pourrait créer un électro-aimant beaucoup plus fort que l’aimant permanent qui donnait naissance à ces courans. L’expérience confirma cette prévision. Avec quatre petits aimans pesant chacun une livre et pouvant porter ensemble un poids de 20 kilos, l’habile expérimentateur anglais obtint un électro-aimant qui portait 500 kilogrammes. Cette augmentation du pouvoir attractif peut être poussée beaucoup plus loin par un choix convenable des dimensions relatives de toutes les parties de la machine. Comment l’expliquer ? La réponse est facile : c’est le travail mécanique employé à faire tourner la machine qui se convertit en magnétisme. La faible quantité de fluide magnétique qui existe déjà dans l’aimant permanent agit ici comme une sorte de ferment, elle amorce le jeu des transformations.

Il était naturel de chercher si le gros électro-aimant obtenu par ce procédé ne pourrait pas servir à son tour à la production d’un courant très intense dans une armature que l’on ferait tourner entre ses pôles. Cette expérience a réussi aussi bien que la première. L’électro-aimant, avec son armature, forme une seconde machine magnéto-électrique semblable à la première, mais de dimensions beaucoup plus grandes. On pose la petite sur la grande, de manière qu’elles forment ensemble deux étages, l’étage supérieur étant le diminutif de l’étage inférieur. L’aimant d’en haut (ou plutôt la rangée d’aimans parallèles, réunis en faisceau, que M. Wilde emploie pour la machine supérieure) porterait environ 160 kilogrammes ; l’électro-aimant d’en dessous, qui puise cependant toute sa force dans les courans engendrés par l’aimant supérieur, en porte 5,000. Les courans qu’il engendre à son tour dans son armature sont d’une intensité proportionnée à son pouvoir portant. La même machine à vapeur, d’une force de trois chevaux, fait tourner les armatures des deux étages avec une vitesse de trente tours par seconde. Toute cette machine tient dans un mètre carré et ne pèse guère plus de 1,500 kilogrammes. Le modèle dont nous parlons est celui qui a été adopté par la commission des phares de l’Ecosse et qui doit servir à l’éclairage électrique. M. Wilde en a construit d’autres