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facile d’un emprunt qui n’embrouillerait et ne surchargerait point la difficulté financière de difficultés politiques et religieuses. Que si le gouvernement italien dans la suite parvenait à terminer à l’amiable la question de la propriété ecclésiastique, les ressources qu’il retirerait de cette solution ne manqueraient pas d’influer favorablement sur le cours de ses rentes ; il y pourrait trouver le moyen d’aviser à un amortissement de sa dette. On ne comprend pas qu’à cette politique financière simple et droite les ministres italiens préfèrent des expédiens qui exposent le crédit de leur pays à des épreuves nouvelles.

La bonne fortune de M. Disraeli et le succès de son bill de réforme vont s’affermissant chaque jour. — Le chancelier de l’échiquier exerce sur la chambre des communes une influence conciliante et souriante. Sur la question financière, les chefs des deux partis qui divisent la chambre, M. Disraeli et M. Gladstone, ont échangé les plus sympathiques témoignages. Le chancelier de l’échiquier a employé l’excédant des revenus de l’année à opérer un petit amortissement de la dette, suivant en cela, comme une tradition, la tendance favorite de son illustre prédécesseur. M. Gladstone a défendu la proposition de son heureux rival avec une bonne grâce qui de la part de M. Disraeli a été payée de retour. Ce sont les progrès du bill de réforme qui ont amené les incidens les plus inattendus et les plus heureux. Nous avions essayé d’expliquer, il y a quinze jours, la difficulté du compound-householder, du locataire dont les taxes sont payées en compromis par le propriétaire, difficulté qui donnait tant de tablature aux partisans et aux adversaires du projet ministériel. Ce projet excluait du droit électoral ou y admettait le locataire, selon que les taxes de celui-ci continueraient à être payées par le propriétaire, ou qu’il obtiendrait de les acquitter lui-même. Cette inégalité que des rubriques légales pouvaient entretenir parmi la masse des householders offusquait tout le monde. Un membre de la chambre qui n’avait point encore joué de rôle politique important, M. Hodgkinson, proposa d’échapper à la difficulté en autorisant par une disposition de la loi de réforme les compound-householders à faire eux-mêmes le paiement de leurs taxes malgré les lois qui les avaient régis jusque-là, malgré les tenement acts. Les avantages de cette abrogation implicite des tenement acts, qui avait paru d’abord chose fort difficile, séduisirent bientôt tout le monde. Le procédé était simple et naturel ; M. Gladstone, quoiqu’il eût peu de temps avant défendu les tenement acts, se rallia bientôt à l’amendement de M. Hodgkinson. M. Disraeli laissa parler dans le même sens plusieurs autres membres, puis il se leva, et de l’air le plus placide fit un coup de théâtre imprévu. Il adoptait, lui aussi, l’amendement, et il déclara que dès l’origine le cabinet avait eu l’intention d’effacer toute distinction de classe entre les householders. Si le cabinet n’était point allé d’abord jusque-là, c’était pour ménager les susceptibilités possibles de la chambre ; mais, puisque la logique des choses avait changé toute seule les