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développées dans ceux-ci sur la membrane qui recouvre le blanc. Les œufs entiers au contraire, après des semaines et des mois, n’offraient absolument rien de vivant. C’était donc que la coquille entière, en empêchant l’introduction des germes, s’opposait à toute manifestation de la vie. Dans une autre série d’essais, M. Donné avait examiné des œufs fécondés, couvés pendant un temps plus ou moins long, puis abandonnés à la décomposition. Il avait trouvé des résultats qui confirmaient ceux de ses premières recherches. Les œufs avec un embryon de huit jours, de quinze jours, de trois semaines, se décomposaient sans donner naissance à aucun être organisé tant que la coquille n’avait pas été ouverte. Ainsi rien de vivant tant que la substance intérieure n’avait pas été mise en communication avec le réservoir atmosphérique où pullulent les germes. M. Pasteur avait accueilli avec faveur les mémoires de M. Donné, tout à fait conformes à ses propres idées ; mais voici que M. Donné a eu des scrupules au sujet de ses premiers résultats, et qu’il envoie à l’Académie (au mois d’août de l’année dernière) des conclusions tout à fait contraires à celles qu’il avait d’abord formulées. Il passe brusquement dans le camp de l’hétérogénie. Cette fois ce n’est plus M. Pasteur, c’est M. Robin qui présente le mémoire. L’auteur indique comment des doutes lui sont venus sur la validité de ses conclusions antérieures. Dans des œufs dont la coquille est intacte, il n’y a qu’une petite quantité d’air ; cet air ne circule pas, il s’altère ; l’oxygène entre dans des combinaisons nouvelles quand l’œuf se putréfie, et le milieu devient par conséquent impropre à la vie. Une pareille expérience ne fournit aucune conclusion légitime contre la génération spontanée. M. Donné cherchera donc à renouveler l’air dans ses œufs tout en les préservant des germes atmosphériques. M. Pasteur lui a enseigné qu’en tamisant l’air à travers des tampons de coton cardé on peut le dépouiller de tous les corps qu’il tient en suspension. M. Donné lave des œufs avec soin, les essuie et les enveloppe aussitôt d’une épaisse couche de coton cardé sortant d’une étuve à 150 degrés. Cette garniture étant bien placée autour de l’œuf, un stylet fin, préalablement rougi au feu afin de détruire les germes qui pourraient y adhérer, est introduit obliquement sous le coton, et le sommet de l’œuf est percé d’un trou. L’air peut ainsi se renouveler dans la coquille. Au bout d’un mois, plus tôt même, les œufs renferment des moisissures. On juge si M. Meunier triomphe en énonçant ce résultat. Il a tort pourtant, car la panspermie n’a pas grand effort à faire pour opposer son éternel argument aux nouveaux travaux de M. Donné. M. Pasteur ne manque pas de critiquer les dispositions expérimentales adoptées par son ancien auxiliaire. « Les causes d’erreurs, dit-il, sont multiples. Je n’en signalerai qu’une. Du coton sort d’une étuve à 150 degrés, et il est appliqué sur l’œuf ; mais quand l’opérateur l’applique et le colle à la surface de l’œuf, toute la manipulation est faite à la température ordinaire et au libre contact de l’air. Les poussières en suspension dans cet air, celles de la surface de l’œuf, celles de la