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d’où un prix moyen pour le transport d’un voyageur à 1 kilomètre de 0fr,0553, et d’une tonne de marchandise de 0fr,0608. Les dépenses d’exploitation s’étant élevées à 266,202,095 francs, le revenu net se trouve être de 312,654,770 francs, et le rapport de la recette à la dépense (moyenne générale) de 45,98 pour 100. Pour ces transports et ce trafic, il a fallu un matériel de 4,064 locomotives, 9,695 voitures, 96,640 fourgons ou wagons et un personnel de 111,460 employés commissionnés ou en régie, ce qui élève au chiffre d’une armée le corps dont les compagnies disposent, Enfin le coût de l’établissement du réseau exploité, comprenant 13,570 kilomètres, s’élève à 6 milliards 824 millions, dont 5 milliards 840 millions ont été payés par les compagnies et 984 millions par l’état. Sur ces chiffres, la part du matériel roulant et de la voie est de 1,346,125,610. Le prix moyen du kilomètre ressort donc à 500,000 fr. ; il semble devoir être moindre et s’abaissera 255,000cfr. pour les 7,430 kilomètres qui restent à construire sur l’ensemble du réseau concédé. La dépense des compagnies sur ce dernier lot, si on n’y ajoute rien, sera de 1 milliard 900 millions. Cette statistique, dans son aridité, a une éloquence difficile à égaler. Il y a trente ans environ que ce nouveau pouvoir est sorti du néant et l’on voit de quel pas il marche ; 600 millions de recettes toujours grandissantes, 300 millions de traitemens et de salaires directs ou indirects à distribuer, plus de 100,000 hommes enrégimentés, c’est à faire envie à plus d’un état. Qu’on y joigne des finances du maniement le plus commode, des contribuables payant sans contrainte et à bureau ouvert, un équilibre qui s’établit de lui-même et sans artifices de calcul, et l’on comprendra que, sous le couvert d’un service public, il y a là une institution avec laquelle, dans tous les accidens de la vie sociale, il faudra nécessairement compter.

Outre les machines qu’anime la vapeur, les galeries et le parc en contiennent qui obéissent à d’autres forces motrices, le gaz, l’air chaud et comprimé, l’ammoniaque, l’éther. Ces machines ne sont pas toutes d’une conception heureuse, ni d’un emploi aisé. il y en a également dont le service, excellent en tout points n’a que l’inconvénient, grave en industrie, de coûter trop cher. C’est le cas de la machine Lenoir, où le cheval de force coûte 78 centimes par heure, sans déperdition, il est vrai, et pour un travail effectif. Malgré cet obstacle, elle commence à se répandre dans les ateliers ; et il est à désirer qu’elle gagne encore du terrain en devenant moins dispendieuse. Les faubourgs de Paris sont pleins d’appareils que les bras de l’homme, quelquefois de la femme, mettent seuls en mouvement, Au point où en sont les arts mécaniques, c’est un restant de barbarie dont il faut résolument s’affranchir. L’excès de dépense n’est au fond que