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courir la chance d’être classés au-dessous de leur valeur ; d’autres tenaient à cacher leur force et leurs procédés de travail, d’autres enfin n’avaient aucun goût pour ces luttes où des œuvres d’apparat éclipsaient des travaux plus méritans, et qu’accompagnaient des brigues puériles. De là des absences très caractéristiques. Cette fois les plus fiers ont fléchi ; comment résister aux appels que depuis deux ans on a multipliés ? Il en est même qui, en cédant, ont voulu donner à cette entrée un certain éclat, et n’ont pas lésiné sur la dépense. Ainsi, pour les industries capitales comme les mines et minières, le traitement des métaux, le concours est bien réellement ouvert entre l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique et la France, en y ajoutant sur le second plan la Suède, la Russie et l’Italie. Collectives ou individuelles, toutes ces expositions ont un intérêt qui ne s’était pas encore présenté à ce degré. Pour les arts textiles, le concours n’est pas moins brillant ; il comprend toutes les villes du continent et des îles anglaises qui travaillent la soie, la laine, le coton et le lin. Quel champ d’observations ouvert au public jaloux de s’instruire ! Ce qui importe en ceci, c’est moins l’effort individuel que l’effort collectif et surtout le progrès des industries considéré en lui-même dans une période déterminée.

La moisson n’a donc de prix qu’à la condition d’en bien choisir les gerbes, c’est ce que j’essaierai de faire. Quand on veut être de son temps, il faut s’attacher de préférence à ce qu’il a de bon. Les champs de la pensée sont aujourd’hui ingrats au point de décourager souvent les recherches. Les champs de l’industrie sont plus féconds, et, quand on s’y engage, il n’y a pas de semblables mécomptes à craindre. On s’y trouve en face d’une puissance qui obéit à des lois régulières, et ne recule pas après s’être étourdiment avancée. Elle a un but essentiel, qui est d’arracher sans cesse à la nature de nouveaux secrets et de les faire servir à l’avancement des civilisations. De quel pas ferme elle marche vers ce but, quelles rencontres elle fait, quelles surprises elle nous cause, chacun peut le voir. Ces satisfactions sont d’un ordre secondaire ; mais ce sont du moins des satisfactions, et plus nous allons, plus dans le reste de son domaine le génie humain en devient avare.


II

Pour tout examen, si rapide qu’il soit, un peu de méthode est de rigueur : on se comprend mieux, et l’on se fait mieux comprendre. Ici quelle méthode adopter ? Celle que conseille le livret et qu’on retrouve dans l’ordre des galeries n’est pas exempte de confusion. Elle indique pour sujets l’alimentation, le vêtement et