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LE
SALON DE 1867

Le règlement, approuvé par le maréchal ministre des beaux-arts en date du 27 octobre 1865 dit, article 26 : « Deux médailles d’honneur de la valeur de 4,000 francs chacune pourront être accordées aux auteurs des deux œuvres les plus éminentes du Salon, et des médailles exceptionnelles seront décernées par le vote de tous les artistes exposans ayant obtenu une médaille aux précédens Salons. » C’était là une mesure excellente et libérale ; mais elle n’a pas duré longtemps, et bien vite l’administration a ressaisi le privilège qu’elle avait semblé abandonner au droit commun. L’an dernier, ce jury spécial, composé de tous les artistes médaillés, à prononcé un jugement très équitable ; par ses nombreuses abstentions, par la grande quantité de bulletins blancs déposés, il déclara qu’aucune œuvre ne méritant la médaille d’honneur, cette dernière ne serait pas décernée. Nulle décision ne pouvait être plus juste, plus rationnelle, plus sérieusement motivée. Le maréchal Vaillant partagea l’opinion commune car dans le discours qu’il prononça le 14 août et distribuant les récompenses réglementaires, il prit soin de dire aux artistes : « Vous avez du reste reconnu vous-mêmes cette infériorité relative du Salon, puisque, appelés à décerner les deux médailles d’honneur, vous avez déclaré par vos votes qu’il n’y avait pas lieu d’accorder cette année ces récompenses exceptionnelles. » C’était parler d’or et prouver aux exposans médaillés qu’on avait compris et respecté leurs votes consciencieux. Cependant le ministre des beaux-arts ajoutait presque immédiatement : « Il est juste de tenir compte des scrupules que vous avez manifestés ; le règlement sera modifié sur ce point pour l’exposition de l’année prochaine, et le jury des