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sentiment très net de la nécessité d’une répartition proportionnelle, seul moyen de régulariser une association trop longtemps nominale et trompeuse. Nos départemens du centre et de l’ouest offrent des exemples plus nombreux que ceux du sud-ouest de ces répartitions mobiles subordonnées aux circonstances, et qui sont également dans l’intérêt bien entendu du capital et de la main-d’œuvre.

Tranchons le mot : le métayage ancien était un demi-servage ; le métayage contemporain doit, à l’aide d’un contrat plus stable, associer pour un temps le tenancier à la propriété de la terre. Sous cette forme nouvelle apparaissent toutes les conditions du progrès à réaliser. La longue jouissance est une sorte de propriété temporaire qui intéresse le métayer à l’exploitation du sol, et qui, loin de porter atteinte aux droits et aux intérêts du propriétaire foncier, ne ferait en définitive que grossir la rente qu’il perçoit. Parmi les exemples ci-dessus mentionnés et qui parlent assez haut dans ce sens, considérez l’exemple donné dans le Périgord même par MM. Vallade frères. Quel a été le secret de leur succès ? Le rapport sut les primes départementales n’en fait pas mystère. « Ils ont su, y est-il dit, inspirer dès le commencement à leurs métayers une telle confiance que ceux-ci se sont soumis à leur direction. » Voilà bien l’association fondée sur l’intérêt mutuel et cimentée par la confiance ; voilà cette demi-propriété résultant d’un accord volontaire, excluant dès lors cet antagonisme où chacun ne croit pouvoir obtenir de satisfaction qu’au préjudice de son co-associé. Resserrer le lien de l’association, remplacer l’apparence par la réalité, je le répète, tout est là.

Après les améliorations, tenant à la réforme des clauses traditionnelles du contrat et à l’expansion des connaissances indispensables au cultivateur viennent des arrangemens d’une importance moins marquée, quoique susceptibles de concourir encore au résultat ambitionné. À ce titre, n’omettons pas de noter la nécessité de joindre dans les métairies du Périgord, où cette alliance est si facile, la culture de la vigne sur une échelle plus étendue qu’aujourd’hui à la culture des céréales. La vigne, dans les régions où elle réussit, doit fournir à l’existence des laboureurs un complément indispensable. J’ai pu comparer l’état d’une même famille avant et après l’introduction des vignes dans son métayage, et j’ai constaté avec plaisir qu’elle devait à cette nouvelle culture un bien-être qu’elle avait auparavant ignoré. Point d’assimilation possible entre les deux périodes : à la misère avait succédé une véritable aisance. L’union développée des deux cultures sera, si on l’encourage, le salut du métayage périgourdin. Il importerait de