Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 69.djvu/584

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ÉTUDES
DE MŒURS ROMAINES
SOUS L’EMPIRE

I.

L’EXIL D’OVIDE


L’exil d’Ovide est l’un des événemens les plus curieux et les plus obscurs de la fin du règne d’Auguste. La cause en est restée très douteuse. L’édit impérial qui reléguait le poète aux extrémités du monde ne lui reprochait que d’avoir publié l’Art d’aimer ; mais Rome savait bien que l’immoralité de ses écrits n’était pas le seul motif de son châtiment. On disait qu’il avait commis envers l’empereur une faute plus grave et plus personnelle. Malheureusement on le disait si bas que ces bruits ne sont pas venus distinctement jusqu’à nous ; aucun écrivain de l’antiquité ne nous a révélé de quelle nature était cette faute. Le seul document qui nous reste, ce sont les ouvrages mêmes d’Ovide ; je trouve qu’ils suffisent pour nous éclairer. Ceux qu’il a écrits pendant son séjour à Rome nous permettent d’apprécier le motif officiel qu’on donnait à son exil. Ceux qu’il a composés plus tard peuvent nous en faire découvrir la cause secrète. Il faut les étudier les uns et les autres, si nous voulons essayer de résoudre ce problème historique[1].

  1. Un de nos collaborateurs, M. Beulé, vient de publier, il y a quelques jours à peine, sous ce titre : Auguste, sa famille et ses amis, la collection des leçons qu’il a