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se partage l’ensemble de la population. En France, ce dénombrement a été fait trois fois, en 1851, 1856, 1861 ; mais, comme la plupart de ceux qui ont abordé l’étude de cette question, je me servirai des chiffres fournis par notre recensement de 1851 parce qu’il se rapproche le plus, par la date, des documens que nous possédons sur quelques autres pays.

Répartition de la population par 10,000 habitans.


Enfans au-dessous de 20 ans Adulte de 20 à 60 ans Vieillards de 60 ans et au-dessus
France 3,612 5,373 1,015
Belgique 4,132 4,973 895
Hollande 4,266 4,964 770
Grande-Bretagne 4,534 4,732 734
Prusse 4,740 4,683 577

Comme on le voit, la France est, parmi les cinq pays qui figurent dans ce tableau, la nation qui possède pour 10,000 individus et par rapport au nombre des adultes le plus petit nombre d’enfans, la Prusse au contraire compte plus d’enfans que d’adultes ; d’un autre côté, la France possède relativement un plus grand nombre de vieillards. Quelles déductions faut-il tirer de ce rapprochement et des différences qu’il permet de constater ? Récemment, dans une discussion à l’Académie de médecine, M. le professeur Broca, après avoir produit un tableau analogue, croyait pouvoir en tirer pour notre pays un titre de gloire et un motif de confiance en l’avenir.

« N’est-il pas satisfaisant, a-t-il dit, de constater que la France occupe le premier rang dans les trois colonnes ? C’est elle qui a le plus grand nombre d’individus productifs, le plus grand nombre de bras disponibles, soit pour le travail, soit pour la défense du sol. Les enfans, qui sont la joie des familles et l’espoir du pays, ne sont, à vrai dire, au point de vue de l’économie sociale, qu’une charge pour la société, puisque actuellement ils consomment sans produire. Ils contractent aujourd’hui un emprunt qu’ils rembourseront sans doute plus tard, si leur vie est assez longue, et s’ils meurent avant d’avoir produit l’équivalent de ce qu’ils ont consommé, la société perd le capital qu’elle a placé sur leur tête. Pourvu donc que le nombre des enfans ne descende pas au-dessous, d’une certaine limite, pourvu qu’il suffise à l’entretien et à l’accroissement de la population, comme cela a lieu en France, les forces sociales sont en raison inverse de ce nombre. Sous ce rapport, la France tient le premier rang. Notre sœur la Belgique nous suit de près. L’Espagne, l’Irlande, la Grande-Bretagne et la Prusse occupent les derniers numéros de la liste. »

Tout en repoussant au nom des vrais principes de l’économie