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jeune se formait ; désormais le grand tout catholique allait comprendre pendant plusieurs siècles deux unités distinctes indissolublement liées à l’unité de Christ par les mêmes croyances et par le même culte, l’église-latine et l’église grecque.

L’anglo-catholicisme, continuant sa revue du passé, nous amène au XVe siècle, au moment où, dans l’enceinte de trois conciles, les Pierre d’Ailly, les Gerson et les Cusa proclament la supériorité du concile œcuménique sur le pape, et apprennent au serviteur des serviteurs de Dieu qu’il n’est pas Dieu lui-même. Profondément émue d’un tel spectacle, l’église d’Angleterre ne tarde pas à entrer, elle aussi, en lutte avec l’évêque de Rome. Sa convocation implore l’assistance d’Henri VIII, « son seigneur le plus cher après Dieu, autant que le permet la loi de. Jésus-Christ ; » mais Rome oppose un refus absolu à toute demande de compromis et de concordat ; le pontife de la ville fulmine l’excommunication, et l’église d’Angleterre en appelle au concile œcuménique. Alors le scandale du IXe siècle se renouvelle. Rome brise les liens qui l’unissaient à l’Angleterre, et l’église de Bretagne rentre dans ses droits, intègre et identique à elle-même. De ce jour, l’unité primordiale catholique se compose de trois unités particulières distinctes : l’église latine, l’église grecque, l’église anglaise.

Cependant le moment du triomphe devient celui des épreuves ; une lutte passionnée s’engage entre le roi Henri VIII et l’église de son royaume. Souverain temporel, le défenseur de la foi ose jeter les yeux sur le domaine spirituel ; il veut contraindre la convocation à déclarer que « toute juridiction séculière ou ecclésiastique a sa source dans la puissance royale, qu’un évêque n’est qu’un vicaire du roi. » Le parlement, constitué en assemblée laïque de l’église, usurpe les droits du concile national : l’antique entité de l’église d’Angleterre se transforme en une obligation à la non-entité (non-entily) : le pape du Vatican fait place au pape de Hampton-Court.

Des orages plus redoutables encore viennent assaillir cette église : Edouard VI et son conseil veulent jeter le royaume dans le mouvement de la réforme. Alors le clergé de Bretagne se soulève tout entier ; en face de la royauté usurpant la suprématie, les prélats ont pu faiblir ; quand ils sentent la foi en péril, ils n’hésitent plus. Les derniers jours du règne d’Edouard, les premières années du règne d’Elisabeth voient formuler en ce sens les homélies, le Prayer-book et les trente-neuf articles. Pendant que les parlemens de la reine-vierge s’efforcent d’empêcher un retour du romanisrae, les évêques élèvent une barrière contre la propagande protestante. Le symbole des apôtres, le symbole d’Athanase et celui de Nicée, l’existence des sacremens majeurs et des sacremens mineurs, la présence