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nationaux mobilisés. En outre la garde nationale mobile ne serait ni réunie, ni habillée avant d’être appelée à occuper les places fortes et les camps retranchés, où se développeraient très vite les mâles aptitudes de notre race.

Ne donnez pas à cette garde nationale des officiers fatigués, inhabiles à inspirer l’ardeur qu’ils n’ont plus. Donnez-lui des officiers pris dans l’armée active et du grade immédiatement inférieur à celui qu’ils recevront dans la nouvelle milice. Les chefs de bataillons seraient donc pris parmi les capitaines proposés pour l’avancement au tour du choix. Ainsi des autres grades. Avec de tels chefs, la garde nationale mobile égalerait en peu de temps, en très peu de temps, les plus célèbres landwehrs dont on s’est ridiculement affolé.

En résumé, selon le projet de loi qui commande l’attention de tous les citoyens, nous aurions trois armées dont les deux dernières, accablantes pour la population, nuiraient beaucoup à la première, dont les cadres seraient insuffisamment remplis. Selon le système que mon ardent dévouement au pays m’ordonne d’exposer ici, le contingent serait annuellement voté par le corps législatif.

L’exonération et la caisse de l’armée seraient supprimées ; le remplacement serait autorisé à des conditions sévères, la durée du service serait de neuf ans, dont cinq dans l’armée active. Après ces cinq ans, les soldats pourraient se marier sans autorisation préalable.

La réserve, où entreraient les hommes ayant passé cinq ans sous les drapeaux et ceux qui, appartenant au contingent voté, n’auraient pas été appelés à l’armée active, ne conserverait que les hommes qui n’auraient pas usé du droit de se marier. Avant d’être appelées par la loi, la réserve et la garde nationale mobile ne seraient ni habillées, ni réunies.

Avant de recourir à ces énergiques supplémens, constituons sans délai une armée capable de leur donner le temps d’acquérir toute leur valeur.


VI

N’essayons pas d’égaler le chiffre de nos soldats à celui de nos adversaires possibles. Même en nous épuisant, nous ne serions pas sûrs d’y parvenir. Ne nous en inquiétons pas. S’il est très difficile à 3,000 hommes d’en combattre avec succès 5,000, il l’est infiniment moins à 60,000 d’en défaire 100,000, Plus les proportions s’élèvent, moins l’infériorité numérique est fâcheuse. Elle peut être