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conservation, le gouvernement avait organisé un service administratif spécial. Nous allons voir comment il fonctionne et quels résultats il a déjà obtenus. L’importance de ce service varie suivant les provinces ; il se compose en général d’un conservateur et d’un certain nombre d’agens ou officiers forestiers. le conservateur a la direction de tout le personnel, et fait des tournées d’inspection et de reconnaissance pendant six mois de l’année. Les agens résident dans des localités déterminées, accompagnent le conservateur dans ses tournées, et lui adressent des rapports hebdomadaires. Ils ont la gestion d’une certaine étendue de forêts ; ils doivent être constamment en route, parcourant leur circonscription pour traiter les affaires, autoriser le pâturage, veiller à la fabrication du bois de chauffage, payer les travailleurs, en un mot faire toutes les opérations que comporte une exploitation régulière. Chacun d’eux est secondé par un lieutenant et a sous ses ordres un certain nombre de gardes qui sont chargés de la surveillance et de la conservation des forêts, et qui sont responsables des dégâts qui peuvent y être causés.

Le recrutement du personnel est assez difficile, car jusqu’ici on n’attachait dans l’Inde qu’une importance secondaire à cette branche de l’économie rurale, et peu de personnes ont dirigé leurs études de ce côté. L’instruction technique ne suffit pas, il faut encore posséder la langue indigène et jouir d’une santé assez robuste pour supporter les fatigues des excursions et pour affronter la fièvre des jungles. Ceux qui remplissent toutes ces conditions sont assez rares pour qu’ils trouvent facilement à s’employer soit dans les entreprises particulières, soit dans des fonctions publiques mieux rémunérées que celles des forêts. Pour avoir des hommes capables, il faut les payer à leur valeur ; si peu qu’ils coûtent, les employés insuffisans sont toujours trop chers. Aussi le gouvernement anglais a-t-il été conduit à adopter une mesure qui rentre peu dans ses traditions habituelles. Il vient de décider l’envoi en France et en Allemagne d’un certain nombre de jeunes gens qui, après avoir suivi les cours des écoles spéciales, devront se familiariser avec toutes les pratiques du service forestier, et rapporter ensuite dans l’Inde toutes les connaissances administratives qu’ils auront acquises. D’un autre côté, M. le Dr Brandis, inspecteur-général des forêts de Birmanie, vient de parcourir une partie de l’Europe. Il a visité les principales contrées forestières et étudié sur place les lois, les procédés d’exploitation, les modes de vente, de façon à pouvoir introduire dans l’Inde toutes les améliorations dont le service serait susceptible. D’après ses soins, un code forestier y a été promulgué en 1865, il donne aux gouvernemens locaux le pouvoir de faire des statuts spéciaux qui deviendront plus tard le point de départ d’une