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alpestre. Ce sont d’abord, autour des villages, les palmiers, les cocotiers, les figuiers sacrés, puis, tantôt en massifs, tantôt épars dans les plaines, les tamarins, les tecks, les mangos, etc. Plus au nord, les palmiers et autres monocotylédones disparaissent, mais l’éclat et la grandeur des fleurs, la teinte toujours verte des forêts conservent encore à la végétation un caractère tropical. Sur les pentes de l’Himalaya se montrent des arbres qui rappellent ceux de nos pays, tels que les cèdres, les sapins, les platanes, les chênes, les bouleaux. Ce sont bien les mêmes familles, mais non plus les mêmes espèces, par l’yeuse ou chérie vert est seul absolument semblable à celui qu’on rencontre dans le midi de l’Europe. L’immense bassin du Suttledge, au nord de l’Himalaya, renferme de magnifiques massifs de cèdres déodoras, qui, tantôt à l’état pur, tantôt mélangés de pins, de chênes et de cyprès, tapissent les flancs de la vallée principale et des innombrables vallées secondaires. C’est à la base des montagnes que se montrent les véritables forêts, et à mesure qu’on s’élève, le climat, de plus en plus rude ; trie successivement les essences les plus robustes, jusqu’à ce que le bouleau et l’aune rampant venant eux-mêmes à disparaître, le règne végétal ne se trouve plus représenté que par quelques graminées.

Si considérable que soit le nombre des espèces qui peuplent les forêts de l’Inde, celui des espèces réellement utiles y est très restreint, car on ne peut guère considérer comme telles que celles dont le bois peut résister aux attaques des insectes et aux variations d’un climat alternativement humide et brûlant, et qui seules dès lors peuvent être employées dans les constructions.

Nous rencontrons en première ligne le teck (tectona grandis), qui appartient à la même famille que nos verveines. C’est un arbre droit et élancé, à larges feuilles, avec des panicules de fleurs blanches. Originaire des parties montagneuses du Malabar et du royaume de Siam, il se rencontre aujourd’hui dans la plus grande partie des forêts de l’Inde méridionale ; seulement, tandis que dans les montagnes il grossit par couches concentriques en formant des colonnes cylindriques qui ont jusqu’à 2 mètres de tour et 20 mètres de hauteur sous branches, il a dans les plaines une croissance très irrégulière. La tige, il est vrai, reste droite, mais elle perd sa forme cylindrique et devient cannelée, de telle façon qu’il est fort difficile d’en tirer parti pour les constructions. Cet arbre parvient à maturité vers l’âge de quatre-vingts ans, mais il végète beaucoup plus longtemps et peut atteindre jusqu’à 40 mètres de hauteur. Lorsqu’il a crû sur les montagnes, il fournit un bois extrêmement précieux, très tenace, facile à travailler, n’attaquant pas le fer et peu sensible aux variations de température. C’est probablement le plus