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et parties, et qu’il eût été de meilleur goût de s’effacer ; si c’est un étranger, le Français, qui a son brin de vanité, en éprouvera de l’humeur et prendra fort mal les choses. Tout bien examiné, il vaudrait mieux dès à présent ne voir dans cette palme d’argent et d’honneur qu’une conception de fantaisie, du genre de celle qui sortait du cerveau de Fourier, quand il convoquait soixante empires aux bords de l’Euphrate pour y couronner le lauréat d’un concours dans l’art de la bonne chère.

Les documens publiés par la commission impériale indiquent sur quels détails se portera plus particulièrement l’examen du jury mixte. Le plus curieux de ces documens est la liste des quarante concurrens déjà classés comme admissibles, avec l’analyse des titres qui leur ont valu cette première faveur. Il ne sied, en l’état des choses, ni de citer des noms, ni de désigner des établissemens ; seulement il y a là, pour qui est au courant des choses, un amalgame d’élémens et de positions qui, avant d’être rendu public, aurait dû passer par un crible plus sévère. Non pas qu’on n’y compte des prétentions fondées, mais que de dissonances ! Le jury mixte n’est d’ailleurs pour rien dans ce travail de préparation, où le dixième groupe a tenu la plume. On désigne ainsi les sept classes qui ont eu à s’occuper des objets plus spécialement destinés au peuplé, matériel d’écoles, bibliothèques de village, habitations d’ouvriers, meubles, vêtemens et alimens d’un bon usage et à bon marché. La tâche était rude déjà en en retranchant même une exhibition d’artisans de tous les pays avec leurs costumes et leurs ustensiles nationaux ; mais le dixième groupe est animé, paraît-il, d’un zèle particulier : comme un escadron volant il se porte au secours de tout ce qui périclite. Rien ne l’intimide alors, et il n’a pas craint de faire acte d’ingérence vis-à-vis du jury mixte, où figurent des maréchaux, des ministres, des archevêques, des membres du conseil privé. Le prétexte a été sans doute que, s’occupant de la condition du peuple, il était fondé à en revendiquer la défense partout où le besoin s’en déclarait. Il est juste d’ajouter que ce document, purement officieux, éclaire assez bien le sujet. Les matières de l’examen y sont nettement présentées, les rubriques judicieusement choisies, l’ordre de classement sagement imaginé. Dans ce cadre entrent toutes les formes de l’assistance indirecte, telle qu’on peut l’exercer vis-à-vis de l’ouvrier sans blesser sa dignité, tous les moyens de lui procurer plus d’aisance, soit par une moindre dépense, soit par des profits plus grands, toutes les combinaisons, en un mot, qui procèdent de ce patronage, dont on ne sentira vraiment le prix que lorsque, par la force des choses, son action aura cessé ou seulement décru.