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comme les données qui permettent de les régler. Le droit de voter le contingent annuel était remis aux chambres. Un mode de répartition fondé non plus sur la population totale, mais sur le nombre des jeunes gens de vingt ans inscrits aux tableaux de recensement, la définition des conditions de nationalité exigées pour l’admission dans l’armée, quelques modifications des conseils de révision, des restrictions au droit d’exemption, des conditions plus étroites imposées au remplacement, la création des écoles régimentaires, telles étaient les dispositions nouvelles qui furent admises sans difficulté ou qui ne donnèrent lieu qu’à des discussions accessoires.

Le nœud de la question était la durée du service et la formation de la réserve. Le sujet fut traité à tous les points de vue; les théories les plus contradictoires furent posées : faible contingent et long service, gros contingent et court service, réserve fixe ou variable, formée d’un seul élément ou d’élémens divers, destinée à « serrer sur l’armée, » comme disait le général Foy, ou séparée avec des cadres à part; tous ces systèmes se produisirent sous forme d’amendemens, et soulevèrent de longs et intéressans débats, aussi dégagés des passions politiques du moment que la nature humaine le comporte. Le lecteur pourra retrouver dans le Moniteur le détail de ces diverses combinaisons, dont plusieurs ont été reproduites comme des nouveautés dans ces derniers temps. Parmi les orateurs dont les idées n’ont pas prévalu, celui qui développa son opinion avec le plus de force et l’appuya des calculs les plus justes fut le général d’Ambrugeac, organe, on peut le dire, dans cette circonstance, de plusieurs des sommités de l’armée. Il demandait un contingent fixe de 60,000 hommes, tous appelés sous le drapeau, retenus cinq ans en activité, puis restant cinq ans incorporés dans les corps et laissés durant cette période dans leurs foyers pour y former une réserve régimentaire, enfin libération définitive au bout de dix ans. Ce plan, dont nous avons indiqué les principaux traits, parce qu’il était le mieux étudié, le mieux ordonné, le plus pratique de tous ceux qui procédaient de l’initiative individuelle, avait l’inconvénient d’aggraver les rigueurs du sort et d’enfermer l’armée dans un cercle trop étroit. Il manquait d’élasticité, et dépouillait le pouvoir législatif d’une de ses prérogatives essentielles. Le gouvernement avait proposé d’abord cinq ans d’activité et deux ans de réserve pour tout le contingent. La discussion fit ressortir les inconvéniens de cette division trop absolue. Il y a en effet entre la paix et la guerre un état intermédiaire où, sans vouloir recourir à l’appel de la réserve, toujours un peu émouvant même lorsqu’il s’effectue par un simple décret, on peut désirer que les rangs de l’armée ne soient pas exclusivement remplis de très jeunes soldats. Or il fallait remarquer qu’au point