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de m’aider pour la conservation de vous et de votre liberté. Je vous ai porté moi-même cette parole parce que j’ai entendu qu’il y en a eu de si méchans qui ont osé semer parmi vous que je voulois faire les gentilshommes taillables. Je suis homme de bien, ce qu’ils ne sont, et ne voudrois penser et encore moins faire une chose que je ferois contre moi-même qui suis gentilhomme ; c’est le principal titre que j’ai et dont je m’estime le plus. Et pour ce que comme gentilhomme et votre roi je m’adresse à vous comme gentilshommes, je vous prie mesurer selon vos cœurs qui sont nobles de me faire tels dons et présens que par là je puisse connoître l’amour et affection que vous me portez[1]. »

François Ier obtint ce qu’il demandait. La noblesse de la vicomte de Paris et de l’Ile-de-France décida sur-le-champ qu’un dixième du revenu des fiefs et arrière-fiefs serait levé avant le 2 février 1530 et remis au roi[2]. Elle servit d’exemple à la noblesse du reste du royaume que les gouverneurs et les sénéchaux convoquèrent dans les diverses provinces ; mais en accordant au roi une aide pour payer sa rançon et retirer du pays d’Espagne ses fils le dauphin et le duc d’Orléans, les nobles de France insistèrent avec vivacité sur le maintien de leurs privilèges féodaux, et demandèrent qu’il fût déclaré par lettres patentes dans chaque bailliage que le don qu’ils faisaient ne tournerait à conséquence ni à eux ni à leurs descendans[3].


X.

En attendant que fût recueillie la forte somme d’or qui devait être frappée en écus d’un poids déterminé et d’un titre uniforme, les enfans de François Ier restaient tristement prisonniers. Ils l’étaient depuis près de quatre ans, et ils n’avaient pas été toujours traités selon les convenances de leur grandeur, ni avec les ménagemens qu’exigeait leur tendre jeunesse. Aussitôt que le dauphin, alors âgé d’un peu plus de huit ans, et le duc d’Orléans, qui n’avait pas atteint encore sa septième année, avaient mis le pied sur le sol de l’Espagne, ils avaient été confiés à don Inigo Hernandez de Velasco, duc de Frias et connétable de Castille, qui avait prêté serment de les avoir en sûre garde et d’en rendre bon compte à l’empereur. Ils avaient été enfermés d’abord dans la place de Henpudia, puis dans celle de Yillalpando, sans être sépa-

  1. Ms. franc., n° 2936, f° 88 et 89.
  2. Collection Fontanieu, portefeuille 218.
  3. Compte-rendu des assemblées des nobles des provinces de France. Ibid.