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Il réclama de plus l’autorisation de racheter le comté d’Asti, ancien patrimoine de la maison d’Orléans, ce qui l’aurait fait rentrer en Italie. Il insinua même que, si l’empereur lui rendait le duché de Milan, qu’il ne se résignait pas à perdre, il l’aiderait à reprendre Vérone sur les Vénitiens et à expulser les Turcs de l’Allemagne orientale[1]. L’empereur étonné rejeta la première demande, suspecta les intentions que laissait apercevoir la seconde, et ne tint aucun compte de la troisième. Il insista sur l’exécution complète du traité, et il demeura sans confiance.

François Ier impatient de retrouver ses enfans, aurait désiré qu’ils lui fussent rendus au mois de mars 1530, ainsi qu’il avait été convenu à Cambrai; mais la somme fort considérable de 1,200,000 écus d’or qu’il fallait remettre pour obtenir leur délivrance n’était point encore prête. Quoique l’assemblée des notables réunis au mois de décembre 1528 l’eût généreusement accordée, elle était bien loin d’être entièrement levée à la fin de l’année 1529. On recueillait dans les villes le contingent du tiers-état. Le clergé donnait, par diocèse, de trois à cinq décimes du revenu de ses biens pour sa contribution. La noblesse seule, malgré les offres faites en son nom par le duc de Vendôme, restait froidement en arrière. Elle prétendait ne devoir que le service militaire, et, paraissant craindre qu’on ne voulût la soumettre à la taille, elle considérait une levée d’argent comme chose plus humiliante encore qu’onéreuse. François Ier fut obligé de la réunir pour lui persuader qu’en accordant un don elle ne payait pas un impôt.

Ayant rassemblé en septembre 1529 les feudataires de l’Ile-de-France à l’hôtel de Bourbon tout près du Louvre, il leur fit connaître dans un langage entraînant et patriotique ses royales nécessités. Il leur dit que pour la délivrance prochaine de ses enfans il avait besoin d’une grosse somme de deniers qu’il lui serait impossible d’acquitter sans l’aide de ses meilleurs et principaux sujets. Il rappela les délibérations de l’assemblée des notables, dit que les gens d’église et ceux des bonnes villes de son royaume le secouraient de tout leur pouvoir; puis il ajouta : « Je vous ai gardé et réservé les derniers pour la seureté et la fiance que j’ai toujours espérées en vos bonnes volontés. Connoissant très bien que vous êtes ceux qui avez accoutumé d’employer vos personnes avec moi quand l’affaire le requiert, je vous ai soulagés d’arrière-ban et d’autres choses que j’eusse pu vous demander... Vous aurez donc regard à moi qui suis votre roi et à la raisonnable demande que je vous fais

  1. Lettres de Charles-Quint à Poupet de La Chaux et au secrétaire des Barres, du 28 octobre 1529. — Lanz, vol. Ier, p. 350 à 355.