Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 68.djvu/411

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

laisser sa vie et à y ruiner son armée. François Ier avait contribué à cet irréparable désastre par sa rupture avec André Doria. Cette rupture, après avoir secondé, si malheureusement pour lui, la résistance prolongée des impériaux dans Naples, avait causé le soulèvement de Gènes ainsi que la perte de la Ligurie, et par là n’avait pas été étrangère à la défaite finale qu’avait éprouvée le comte de Saint-Pol en allant, avec ce qui restait de troupes françaises en Lombardie, tenter de ressaisir un pays qu’on ne devait jamais plus reprendre.


VII.

Tout semblait terminé en Italie, où s’étaient dissipées les forces et s’étaient perdues les espérances de François Ier. Cependant ce prince, avec une ténacité entretenue par le calcul autant que par la passion, continua de disputer la péninsule à son heureux rival en s’appuyant sur les états confédérés, que ses excitations et leurs intérêts animaient toujours à la lutte. Il avait encore Asti et Alexandrie dans l’Italie supérieure, où Francesco Sforza conservait les trois places principales de Lodi, de Crémone et de Pavie, et où la république de Venise possédait le territoire qui s’étend de la rive gauche de l’Adda jusqu’aux lagunes de l’Adriatique. Ses partisans, restés en armes au royaume de Naples, occupaient Aquila et la Matrice dans les Abruzzes ainsi que la forte place de Barlette sur les côtes de la Pouille. Le littoral napolitain, de Trani et Monopoli à Otrante, était au pouvoir des Vénitiens, fort éloignés de s’en dessaisir après s’en être rendus maîtres. Ces politiques prudens et avides tout à la fois, inquiets pour la sûreté de leurs états et désireux de garder leurs conquêtes, étaient disposés à continuer la guerre que les ardens Florentins, de leur côté, voulaient poursuivre afin de se maintenir dans la liberté qu’ils avaient recouvrée et que menaçait la victoire de Charles-Quint. François Ier, qui les y poussait à l’envi, pressait également, mais avec moins de succès, le pape Clément VII de rentrer dans la ligue. Longtemps indécis en apparence, Clément VII, que François Ier et Henri VIII n’avaient cessé de solliciter depuis sa sortie du château Saint-Ange, était resté neutre tout en donnant des paroles d’espérance aux uns et aux autres. Il n’avait pas rempli tous ses engagemens envers les impériaux, et il avait ajourné pour Charles-Quint l’investiture du royaume de Naples, ce qui n’empêcha point ce prince habile de lui restituer les citadelles d’Ostie et de Civita-Vecchia et de rendre libres les cardinaux tenus en otages. Les succès des armes impériales en Italie ajoutés aux condescendances de Charles-Quint tirèrent le pape de ses indécisions. Sensible aux événemens de la for-