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Antonio de Leyva, informé du dessein de Saint-Pol, était sorti de Milan pendant la nuit avec la plus grande partie de ses forces, et l’avait suivi sans être découvert jusqu’auprès de Landriano. L’éparpillement des troupes françaises, séparées les unes des autres, et la défaveur des lieux facilitèrent le succès de cette attaque, qui fut à la fois impétueuse et inattendue. Cependant le comte de Saint-Pol soutint avec une grande vigueur le choc des impériaux. Privé de sa cavalerie, qui était en avant, il mit pied à terre et combattit longtemps avec les lansquenets et les Italiens qu’il avait autour de lui; mais à la fin ceux-ci, culbutés, tournèrent le dos et prirent la fuite. Le comte de Saint-Pol, remontant alors à cheval pour échapper à la poursuite des impériaux, voulut franchir un canal, y tomba et fut fait prisonnier avec plusieurs capitaines d’importance. Le reste de sa petite armée, qui n’était pas payée, se dispersa. Les Italiens se retirèrent à Lodi et à Pavie, les Français et les Allemands regagnèrent à grand’peine leur pays. L’expédition de Saint-Pol eut une issue assez semblable à l’expédition de Lautrec; elle laissa la Lombardie à la merci des impériaux.

Le sort de la guerre était décidé. Charles-Quint, rendu de nouveau victorieux sur les divers points de cette vaste péninsule, l’emportait définitivement. Les efforts tentés pour soustraire l’Italie à la dépendance des Espagnols avaient été impuissans. Deux longues campagnes, dont les commencemens avaient été favorables aux confédérés de Cognac, avaient fini par de grands revers. Dans la première, le roi de France était intervenu comme auxiliaire par les subsides qu’il avait fournis et les troupes qu’il avait jointes aux armées italiennes. Les confédérés n’avaient pas su profiter de la supériorité de leurs forces et accabler les impériaux au moment de leur faiblesse. Ceux-ci, reprenant bientôt l’avantage par leur nombre, qu’on laissa s’accroître, et leur audace, à laquelle tout céda, non-seulement se maintinrent en Lombardie et restèrent les maîtres dans le royaume de Naples, mais ils envahirent le centre de l’Italie, s’emparèrent de Rome et y firent captif le principal des confédérés, le pape, provocateur et chef de la sainte ligue de Cognac. La seconde campagne, entreprise avec les forces du roi qu’assistaient tous les potentats italiens, marquée par des débuts brillans, avait abouti, non sans des fautes de conduite, à des résultats funestes. L’armée de Lautrec avait tout d’abord enlevé d’assaut ou reçu à composition d’importantes villes du Piémont et du Milanais, elle avait traversé triomphalement l’Italie, pénétré dans le royaume de Naples, qu’elle avait occupé presque tout entier, et dont elle aurait achevé la conquête, si son chef, trop prudent à Troja et trop confiant devant Naples, ne s’était dans un cas refusé à la victoire et dans l’autre obstiné à poursuivre un impuissant blocus jusqu’à y