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Deux entreprises qu’ils firent le 20 et le 26 juin ne réussirent pas du tout. La première fut tentée sur la droite de Naples, vers la mer, pour interrompre le travail de la tranchée que Pedro Navarre conduisait jusqu’au rivage afin de fermer aux assiégés tout passage de ce côté. Les impériaux furent repoussés avec perte[1]. Ils furent plus maltraités encore dans la seconde, qu’ils dirigèrent du côté du Pausilippe et de Pie-di-Grote, vers la gauche de Naples, pour y cher- cher des vivres. Surpris et attaqués à leur retour, ils avaient été non-seulement dépouillés de leurs chariots de transport, mais ils avaient laissé entre les mains des assiègeans plus de deux cents prisonniers et perdu dans la déroute non moins de quatre cents morts[2]. Avant ce dernier échec, qui pouvait abattre le courage des assiégés et qui diminuait leur nombre, Lautrec supposait qu’il les aurait bientôt à discrétion. Il écrivait le 22 juin : « Cette ville de Naples est bien serrée par mer et par terre; il n’y entre rien, et les ennemis qui sont dedans sont réduits en telle extrémité que, plusieurs jours a, ils n’ont ni vin ni chair, au moyen de quoi j’espère qu’ils ne peuvent durer[3]. » Les apparences étaient d’autant plus à une reddition prochaine que les impériaux perdirent alors toute espérance d’être secourus.


III.

Le duc Henri de Brunswick s’était montré dans l’Italie supérieure avec dix mille lansquenets, six cents chevaux et quatre cents mousquetaires. Il avait charge de se réunir à Antonio de Leyva et d’aller avec lui dégager les impériaux dans Naples et reconquérir le royaume. Parti de Trente le 10 mai à la tête de son armée, il avait passé l’Adige, était descendu lentement par le Véronais, avait occupé Peschiera à l’extrémité du lac de Garda, et s’était dirigé, par le pays de Brescia, vers la Lombardie milanaise. Antonio de Leyva, marchant à sa rencontre, était arrivé sur l’Adda le 9 juin avec six mille fantassins et seize pièces d’artillerie. Le prudent général des Vénitiens, le duc d’Urbin, qui commandait à plus de douze mille hommes entre l’Adige et l’Adda, n’avait pas essayé, selon son invariable coutume, de s’opposer à leur jonction. Loin de tenir la campagne, il s’était retiré avec ses troupes dans les fortes places de Vérone, de Brescia, de Bergame, se contentant de défendre les

  1. Lettre de Lautrec, écrite le 22 juin 1528 à l’évêque d’Avranches, ambassadeur de François Ier à Venise. — Mss. Dupuy, vol. 452, f° 246.
  2. Lettre de Lautrec au président de Provence, ambassadeur du roi auprès du pape, du 27 juin 1528. —Mss. Brequigny, vol. 92, f 279-280.
  3. Lettre de Lautrec, du 22 juin.